Valenciennois

Retour sur l’histoire de la Caserne Vincent à Valenciennes

La commune de Valenciennes fut historiquement une ville militaire, les casernes étaient nombreuses, une présence de l’armée significative jusqu’à la fin du XXème siècle ; retour sur un complexe bâtimentaire emblématique à Valenciennes, l’historique Caserne Vincent !

(Installation des troupes britanniques dès la fin 1918)

La fin de vie militaire de l’ex Caserne Vincent s’explique par la conjugaison de plusieurs événements. Bien sûr, la fin du service militaire obligatoire (en 1996). Ensuite, cette caserne devenue un pôle administratif prépondérant dans le nord perd de son influence avec une baisse en effectif, année après année, dès la fin du XXème siècle, mais surtout dès l’entame du XXIème.

Caserne Vincent en 1990

Puis, la loi de programmation militaire (2013) fut un marqueur du mandat de François Hollande, notamment concernant la nouvelle vie de bâtiments militaires. En effet, le Ministère de la défense avait décidé de vendre certains sites militaires. La dernière Caserne à Valenciennes était concernée avec notamment la mise en vente de tout le site, le corps principal en U, le messe des Officiers, et une partie dédiée au stationnement.

La ville de Valenciennes est vite passée à l’offensive avec une première revendication sur un droit de propriété sur la partie « Couvent des Carmes », (vue de la rue) l’aile droite de ce site construit en U. Ce contentieux en justice fut le 1er coup de semonce. Cette joute juridique n’était pas sans lien avec le prix proposé par le Ministère de la Défense, plus de 5 millions d’euros… ! Le temps passa et le député de la 21ème, Laurent Degallaix à l’époque, a obtenu une baisse significative du prix à condition que la revente par la ville, au même tarif que la cession par le Ministère de la Défense, s’inscrive dans le cadre de la construction de logements (https://www.va-infos.fr/2017/03/20/ville-de-valenciennes-va-pouvoir-enfin-acquerir-terrain-de-caserne-vincent/)

Pari réussi, en 2019, située dans la rue de Lille à Valenciennes, l’ex Caserne Vincent est en cours de mutation, une réhabilitation grandeur nature menée par la Financière Vauban dans la continuité de la rénovation majuscule de l’ancien Hôpital du Hainaut (https://www.va-infos.fr/2018/11/26/la-residence-nouvel-art-valenciennes/)

L’arrivée du 127ème d’infanterie

La vie de ce bâtiment militaire commence au XIXème siècle. En effet, la construction commence en 1837. D’ailleurs, actuellement, la date figure en bonne place sur un fronton du site en cours de rénovation lourde.

Trois parties constituent cet ensemble bâtimentaire. En rentrant sur la droite, les historiens locaux estiment que l’actuel bâtiment sur la droite en entrant est construit sur l’emplacement du « Couvent des Carmes », d’où un temps le contentieux juridique entre la ville et l’Etat sur la propriété du terrain évoqué plus haut. Ensuite, le bâtiment à gauche en rentrant est bâti sur l’ancienne caserne des Arbalétriers, ancien milice bourgeoise locale. Au fond, le site est édifié sur les anciens jardins dits « de Maingoval », cette partie démarre après les deux ailes en 1842.

En 1887, le ministre de la Guerre de l’époque, le Général Boulanger, décide de baptiser ce site militaire d’un militaire originaire de la garnison. Elle est donc baptisée Caserne Vincent, nom d’un général, baron d’empire né à Valenciennes en 1775, mort à Paris en 1844.

Avant la 1ère guerre mondiale, dès l’édification de ce bâtiment militaire, l’armée est omniprésente. De nombreux régiments passent à Valenciennes. Le plus emblématique est le 4ème Régiment de Cuirassiers dont son 1er escadron restera à Valenciennes de 1871 à 1914. Autre présence remarquée, le régiment du 127ème d’infanterie arrive à Valenciennes en 1874. Ce régiment militaire a participé à la campagne de Russie en 1812. Des victoires et des défaites comme Smolensk, de la Moskowa, et la terrible Berézina, des faits d’armes figurant sur son drapeau. Puis, le participe à la campagne de Tunisie de 1881 à 1883.

En lien avec ce continent basé à Valenciennes, les régiments de réserves sont rattachés au régime d’active. A Valenciennes, c’est le 327ème avec le même lieu d’attachement que la garnison du 127ème.

Une Caserne militaire et deux guerres mondiales

02 août 1914, ordre de mobilisation, 03 août la première guerre mondiale est déclarée. La ville de Valenciennes est délaissée, car les Allemands attaquent la Belgique (pays neutre) et les régiments du 127ème et le 327ème sont envoyés sur le front pour soutenir un pays ami.

En 1919, prise d’armes des troupes écossaises en présence du roi d’Angleterre Georges V

A la vitesse lumière, l’armée allemande entre à Valenciennes le 25 août 1914, ils pénètrent en ville par la rue de Mons et du Quesnoy. Les troupes allemandes investissent toutes les casernes de Valenciennes pour s’y loger, dont la Caserne Vincent.

L’occupation par une armée étrangère n’est pas sans incident, parfois très regrettables. La Caserne Vincent sert également de logements aux prisonniers de guerre, notamment mille russes en 1915. Autre fait peu connu, la Caserne Vincent était le siège de la Kommandantur où les espions était interrogés.

Le 02 novembre 1918, l’armée britannique et son corps canadien libère Valenciennes où il déloge l’armée allemande de la Caserne Vincent. Véritable site de ravitaillement, cette dernière est occupée par les libérateurs, Raymond Poincaré, le Président de la République, vient en visite à Valenciennes le 10 novembre 1918, la veille de l’armistice.

Grand jour pour Valenciennes, après des participations aux batailles de la Marne, Verdun, la Somme, et des Flandres, le 01 avril 1919, le 127ème d’infanterie revient dans sa ville où les soldats sont accueillis en héros. Ce régiment restera à Valenciennes jusqu’en 1923 avant sa dissolution, la ville restera attachée à ce régiment. D’ailleurs, une rue à deux pas de l’ancienne Caserne Vincent porte le nom de ce prestigieux régiment.

Après 1923…

Dès cette date, , le 509ème régiment de chars de combat partage de manière éphémère  la caserne avec le 2ème bataillon du 43ème Régiment d’Infanterie, basé à Lille pour la majeure partie. D’ailleurs, ce Régiment de Lille restera jusqu’en 1939.

Le 10 mai 1940, Valenciennes est bombardée et ravagée par un gigantesque incendie. Le centre ville fut presque complètement détruit. L’incendie s’arrêta justement au niveau de la Caserne Vincent. Le 27 mai, les troupes allemandes entrent dans Valenciennes et occupent la Caserne Vincent.

Le 02 septembre 1944, la résistance occupe dès 9H les édifices publics et les casernes Deschamps, Ronzier et Vincent. A 18 heures, les américains libèrent Valenciennes par la Place du Canada.

A compter de la fin de l’année 1944, la Caserne Vincent ne servira plus de garnison. Dirigée par les militaires, elle sera dorénavant administrative jusqu’à sa fin d’activité. La Caserne Vincent sera même une place forte administrative avec son siège de Direction Régionale du Recrutement et de la Statistique.

Après la seconde Guerre mondiale

En 1957, la Caserne Vincent devient le Bureau de Recrutement avec d’autres services de l’Armée spécialisés en informatique. Ensuite, en 1977, la Caserne Vincent devient BSN (Bureau du Service  National). Puis, le BSN a eu longtemps comme mission de veiller au recensement des jeunes filles et garçons, de conduire la JAPD, de gérer les dossiers administratifs.

Tournant historique dans la vie de cette Caserne militaire, en 2003, un civil est nommé comme directeur prend la tête de l’établissement. Enfin, durant l’été 2011, le BSN était dissous avant une restitution à la ville de Valenciennes, plus longue que prévue dans le début de l’article. Le 24 mai 2012, plus aucun militaire ne demeure à la Caserne Vincent, la fin d’une époque… !

Daniel Carlier

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