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La révolution intérieure à Marly

Décidément, ces douze derniers mois sont perturbants au sein de la commune de Marly. Après le décès du regretté Fabien Thiémé, son remplacement par Jérome Leman avec un confinement sanitaire inédit à la clé, l’élection d’un maire de 36 ans, et le premier geste fort d’une majorité consacré à un Bing Bang intérieur, année singulière assurément !

( Celine Plateel-Thuin et Jean-Noël Verfaillie)

46 jours d’absence en moyenne par agent municipal à Marly en 2019

Jérome Leman

En prélude de ce Conseil municipal, une première escarmouche intervient sur la nouvelle aire de jeux. « Je réitère mon propos dans le précédent conseil sur un budget insincère, cette aire de jeux n’est pas inscrite au budget. Vous auriez pu consulter pour cette réalisation », entame Jérome Leman.

Le maire répond tout de go « c’est une opportunité budgétaire. Le permis de construire a été refusé pour les vestiaires du stade Masnaghetti ». De facto, un changement de chapitre d’investissement a permis de passer un « marché adapté à 85 000 € HT » (https://www.va-infos.fr/2020/10/07/marly-rentre-dans-une-nouvelle-aire/).

« Ces chiffres sont surprenants ! », Serge Moreau

Les premiers pas, les premiers mots, les premiers choix politiques d’une nouvelle majorité sont invariablement annonciateurs d’une ligne politique, la colonne vertébrale pour les six prochaines années.

Dans cette optique, les projets emblématiques d’investissement dans leur immense diversité, les choix de création ou de suppression d’un service au public, des tendances lourdes d’une ligne budgétaire, etc., mais rarement, voire jamais, l’axe stratégique de la dite municipalité repose d’abord sur le pilier d’une nouvelle gestion des ressources humaines. Pourquoi est-ce le cas à Marly ?

Quelques données simples posent la problématique. Marly compte 283 agents, dont 191 fonctionnaires, avec 253 ETP et une moyenne d’âge de 49 ans.  « Je suis en fonction depuis le 01 juillet. Venant du monde de l’entreprise, je suis comme un bizut qui découvre. Sur la commune de Marly, vous avez en moyenne 46 jours d’absence, tout motif, sur l’année 2019 contre une moyenne de 20 jours en national. C’est particulièrement curieux ! Vous avez également 8,5 accident de travail pour 100 agents. Dans le privé, on s’inquiète à un accident de travail pour 1 000 ! Ces chiffres sont surprenants », indique Serge Moreau, adjoint aux ressources humaines, ancien Président du Tribunal de Commerce de Valenciennes-Avesnes. Enfin, il note que « les agents contractuels ne sont pas malades, mais les fonctionnaires oui ! ».

Sur cette présentation du bilan social, Jerome Leman acquiesce « j’ai dénoncé cet absentéisme, ces abus. Nous voulions mettre en place une valorisation du travail. Je suis d’accord avec vous sur la moyenne d’âge trop élevée, mais également le taux de maladie ordinaire ».

Pour sa part, Christian Chatelain s’interroge sur les « types de blessures, la prévention envisagée ? ».

« Je suis dans le bilan », Serge Moreau

Serge Moreau

« Je viens de découvrir ces chiffres il y a une semaine. Je suis dans le bilan, la stratégie, ensuite nous regarderons l’exploitation. La phase analytique fera l’objet d’une deuxième étape », commente l’adjoint aux ressources humaines, et ancien président du Tribunal de Commerce de Valenciennes-Avesnes.

Nouveau règlement intérieur

Pour inverser cet absentéisme lourd terriblement pesant sur le budget de la commune, la majorité municipale a choisi de modifier en profondeur le règlement intérieur. Tout y passe, horaires, congés, suppressions… « Nous avons réfléchi à une nouvelle organisation de travail avec des horaires de 8H30 à 12H et de 13H30 à 17H30, soit 37H30 avec 5 semaines de congés, au lieu de 6 et demi, mais 14 jours de RTT. Cette nouvelle organisation permettra la présence d’agents municipaux le vendredi après-midi. Ensuite, nous nous sommes conformés à la législation en vigueur  avec un temps annuel de travail de 1607 heures contre 1523 heures actuellement. Ces modifications répondent aux commentaires des magistrats de la Chambre Régionale des Comptes sur les dysfonctionnements en terme de maladie et d’arrêt de travail », commente Serge Moreau.

Il insiste sur un point « je ne critique pas les hommes et les femmes. Je critique le système. On ne tape pas sur les collaborateurs, on échange, on négocie ! », commente Serge Moreau.

Marie-Thérèse Hourez

Néanmoins, ce nouveau règlement intérieur supprime les 4 jours du maire, notamment celui du fameux lundi de la Braderie de Valenciennes disparue en septembre 2016 suite à l’attentat de Nice. « Ce règlement intérieur revient sur des acquis sociaux. Bien sûr, les agents sont au service de la population. Nous savions qu’il fallait remettre des choses en place. Les agents savent qu’il est important d’être présent au travail. Néanmoins, il arrivait que suite à un désaccord avec la direction du service, un agent se mettait en arrêt maladie », indique Marie-Thérèse Hourez.

Ce règlement intérieur a reçu un avis favorable, mais avec une opposition de 4 membres du collège employés, tout comme une abstention. « Je ne parlerai pas d’acquis sociaux, mais des remises en cause d’habitudes. Je sais que ce n’est pas évident ! ».  « Attention » aux risques sociaux en interne prévient Jérome Leman.

Comme commentaire lapidaire, on pourrait supputer que la fin d’un acquis social débute avec son iniquité. Si un référendum d’initiative locale était lancé sur cet avantage social, notamment du fameux lundi de Braderie de Valenciennes, le résultat ne serait-il pas de 99,9999% favorable à sa suppression ? Enfin, concernant la possibilité pour qu’une personne de mauvaise humeur obtienne avec un claquement de doigt un arrêt maladie chez un médecin libéral, il faudrait peut-être qu’un jour le Ministère de la Santé lance une campagne de déconventionnent des professionnels prolifiques en la matière, le mal à la racine !

« Un régime indemnitaire pour tous », Serge Moreau

L’autre délibération phare de ce premier conseil municipal, hors vote du budget, reposait sur un nouveau régime indemnitaire, le fameux RIFSEEP. « Tout d’abord, nous intégrons les agents contractuels, c’est un régime indemnitaire pour tous », lance l’adjoint.

Ensuite, il sera basé sur un CIA (Complément indemnitaire annuel) fort. « Je souhaite verser un véritable 14ème mois à chaque agent. Cela pourrait représenter entre 600 et 700 euros par agent, une enveloppe de 250 000 euros à l’année », explique Jean-Noël Verfaillie après le Conseil municipal.

La méthode de calcul de ce CIA est fondamental. « Chaque agent bénéficiera d’un entretien annuel. Nous verrons son assiduité, ses actions au travail, son investissement au travail, et ainsi déterminé la valeur professionnelle, et par suite le coefficient de CIA », précise Serge Moreau.

L’entretien annuel n’était actuellement pas une pratique au sein de la mairie de Marly. « Un numéro deux d’un service de la commune n’a pas eu d’entretien depuis près de 8 ans, pas de fiche de poste non plus. C’est le cas des 3/4 des agents de la catégorie C et des contractuels. Cela représente 88% des agents de la commune », précise le maire.

« Notre objectif est de progresser dans le domaine d’ici fin 2021 », conclut Serge Moreau. « Vous verrez que vous serez surpris entre le passage de la théorie à la pratique »,  lance Jérome Leman.

Revue d’effectif

Comme annonce de recrutement, le premier magistrat indique la création de deux postes de Police Municipale : « C’était dans notre programme afin d’allonger l’amplitude horaire d’intervention de la Police Municipale, notamment après 17H… ! ».

Au niveau du DGS et du DGA, les « deux personnes (arrêt maladie) bénéficient du régime de la protection fonctionnelle jusqu’au 04 janvier. Néanmoins, j’ai recruté pour le 01 décembre un nouveau DGS, mais également un nouveau DST ( Directeur des Services Techniques) compte tenu que le chef de service technique actuel prend sa retraite en 2021 », indique le maire.

Voilà pour les traits saillants de ce Conseil municipal iconoclaste. A la fois fondateur, certes avec une part de risque social, mais cette trajectoire de gestion des ressources humaines pourrait combiner la gageure de mieux rémunérer les agents et de réduire une masse salariale déjà trop lourde à Marly.

Daniel Carlier

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