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Une livre de « Chaire » au son de la Cantilène de Saint-Eulalie

Il fallait à minima une pincée de William Shakespeare dans le titre pour évoquer ce moment particulier vécu vendredi dernier pour le lancement officiel de la Chaire universitaire « Tourisme et Valorisation du Patrimoine de la Porte du Hainaut ». En effet, cette cérémonie dans le bâtiment Leaud d’Arenberg Creative Mine a porté haut les couleurs du Valenciennois et de son fleuron patrimonial, la fameuse Cantilène de Saint Eulalie, le premier texte sans latin, en langue romane, l’ancêtre du français.

Arnaud Huftier : « Le tourisme valorisante n’est pas forcément monumental »

Qu’on se le dise, à l’international, le patrimoine le plus connu du Valenciennois n’est pas le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes, ni la Tour abbatiale à Saint-Amand-les-Eaux, ni le Théâtre de Denain ou encore l’ensemble des fortifications parsemées sur la commune de Condé-sur-l’Escaut, mais bel et bien la présence de la précieuse « Cantilène de Sainte Eulalie » , le premier texte poétique écrit en langue romane, transcrit du latin vers 882 à Saint-Amand-les-Eaux, et aujourd’hui conservé précieusement au sein de la Médiathèque Simone Veil à Valenciennes.

Arnaud Huftier

A ce titre, Arnaud Huftier, Vice-Président de l’UPHF et porteur de la Chaire Tourisme & Valorisation du Patrimoine de la Porte du Hainaut, relate son voyage aux U.S.A en 2010. « La géographie européenne chez les Américains est assez aléatoire, ils positionnent très difficilement une capitale. Par contre, dans les Universités, les professeur.e.s connaissaient tous La Cantilène de Sainte Eulalie. J’ai pu voyager dans les différentes universités grâce à elle », commente le vice-président.

Effectivement, on peut ajouter que les débuts de la numérisation des oeuvres de la Médiathèque de Valenciennes, dès 1995, les universités américaines se ruèrent sur ces dernières. Pendant une courte période, la Médiathèque de Valenciennes fut le leader dans cette démarche et célèbre dans le monde entier. Nous étions à la veille de la bulle internet.

Ensuite, dire que nous amis d’Outre-Atlantique connaissent mal l’Europe est symptomatique, on peut réduire ironiquement leur savoir à Disney Paris, à Paris, car vous avez noté que le premier nom EuroDisney fut abandonné, car trop peu précis pour les grands pays visiteurs ! Tout cela pour dire que cette guerre en Ukraine en Europe est apprécié différemment aux U.S.A… géographiquement parlant !

Pour magnifier cette pépite de la Cantilène de Sainte Eulalie, l’auditoire présent a eu droit à une version chantée de la Cantilène, guitare et contrebasse, un moment suspendu et étonnant !

« un désir de touristicité », Aymeric Robin

Deux institutions, La Porte du Hainaut et l’Université Polytechnique des Hauts-de-France se lient pour la création d’une chaire « Tourisme et Valorisation du Patrimoine de la Porte du Hainaut ». En effet, La CAPH et l’UPHF partagent déjà une route commune sur le site d’Arenberg Creative Mine où les enseignants chercheurs et les étudiants occupent des locaux réhabilités par l’intercommunalité.

Pour autant, le Tourisme au sens strict du terme manque encore d’une ambition globale. « Aujourd’hui, il y a un alignement des planètes entre l’UPHF et la CAPH. Nous avons un désir de touristicité. Nous avons un patrimoine dont nous sommes les garants. Le tourisme doit se consommer autrement », commente Aymeric Robin.

« Il faut impliquer les habitants », Abdelhakim Artiba

Pour le Président de l’UPHF, le temps est à l’action. Sa question est simple : « Que fait-on de notre relation ensemble ? Comment contribuer au territoire et aller le plus loin possible ensemble ? Il faut impliquer les habitants ».

De cette approche a découlé l’émergence d’une chaire afin d’analyser les différents domaines du Tourisme et du Patrimoine. Le tourisme est identifié comme un projet de société et pas seulement une série d’objets, l’interdisciplinarité est assimilée, de l’économie aux sites touristiques en passant par l’appropriation du patrimoine par la population. La première conclusion éclairante est limpide : « Le tourisme valorisante n’est pas forcément monumental », explique Arnaud Huftier.

Pour travailler ensemble sur cette réflexion au long cours, quatre universitaires experts dans leur domaine étaient présents ce vendredi 25 mars sur Wallers Arenberg, elles seront les 4 Directrices d’Axes de cette chaire « « Tourisme et Valorisation du Patrimoine de la Porte du Hainaut »  , Il s’agit de :

Lucie K. Morisset, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain et professeure en études urbaines et touristiques (UQAM)

Nathalie Watteyne, codirectrice du CRILCQ, directrice du Centre Anne-Hébert et professeure de littérature et création, Université de Sherbrooke

Khouloud Boukadia, professeure en Computer Science in the Multimedia, Information systems & Advanced Computing, Université de Sfax

– Neelu Seetaram, professeure en économie du tourisme, Université de Leeds Beckett

Une table ronde a permis de comprendre les premiers chemins de travail sur ce patrimoine, ils sont nombreux et les travaux concertés seront sans aucun doute passionnants. Pour ramener le début du sujet au coeur de cet événement, Nathalie Watteyne de l’université de Sherbrooke ne cachait pas son émotion : « Depuis que j’enseigne la littérature française, je commence mes cours par La Cantilène de Saint-Eulalie. Aujourd’hui, j’ai vu la Cantilène, c’est une chose d’en parler, c’est une expérience de la voir concrètement ».

Pour ponctuer ces temps particuliers, deux lectures de Charles Baudelaire accompagnées au piano, pas de doute, le fracas du quotidien s’est arrêté durant quelques heures.

Daniel Carlier

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