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Un Musée des Beaux-Arts dans tous ses états à Valenciennes

« Il faut le voir pour le croire », cet adage bien connu colle parfaitement à la situation du Musée des Beaux-Arts de Valenciennes atteint par un dégât des eaux, inattendu, majuscule, dont les travaux commenceront en 2023, car d’ici là le bon soin des oeuvres prend un temps infini. Découvrez les coulisses de ce chantier hors norme pour la ville-centre du Hainaut (salle avec les peintures retournées afin d’assurer la meilleure protection).

(Visuel arrière du Musée de Valenciennes avec l’ensemble des 9 verrières sur le toit)

Un si long chantier artistique avant le chantier bâtimentaire… !

Le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes a plus d’un siècle, il fut bâti sous la houlette de Paul Dusart entre 1905 et 1909 avec déjà à l’époque ses verrières en métal, mode Gustave Eiffel, dont une restauration était intervenue en 1962 sur les cotés et en 1977 sur la verrière centrale. La rénovation lourde en 1995 du Musée des Beaux-Arts avec une nouvelle scénographie, espace Carpeaux, etc., dont les peintures furent remises au goût du jour récemment tout comme un système de climatisation au top niveau, n’a pas anticipé cette infiltration d’eau rampante menaçant toutes les oeuvres de ce site culturel dans le réseau des Musées de France.

L’origine de ce sinistre est identifiée et les verrières sont pointées du doigt. « Durant la fermeture pendant le confinement 1, nous nous sommes aperçus d’un problème d’humidité en voyant des traces d’humidité, par différence de couleur, en dessous des tableaux », précise Jérome-André Chapuis-Roux, le guide conférencier sur ce pré-chantier des travaux du Musée des Beaux-Arts de Valenciennes.

Trace d’humidité à l’arrière du tableau

Dans la foulée, les tableaux sont retournés et des traces d’humidité apparaissent clairement sur les supports. « Heureusement, aucune toile n’est endommagée. Par contre, sur les peintures sur bois, c’est plus compliqué », précise-t-il. L’humidité avait atteint un tel niveau que le soulèvement de sculptures en plâtre, au milieu d’une salle, a mis en lumière des zones d’humidité sur les supports, inquiétant au plus haut point.

The cherry on the cake, puisque nous sommes à l’heure anglaise, des insectes furent détectés sur les tableaux compte tenu de l’humidité latente, elles adorent proliférer dans le bois mouillé. « Les restaurateurs et restauratrices de tableaux ont examiné un à un chaque tableau. Ensuite, les oeuvres contaminées bénéficièrent d’une opération spéciale (pas Russe) à travers une mise en caisson en anoxie durant 30 jours, car les nuisibles meurent en absence d’oxygène… », poursuit-il.

Face à une catastrophe probable sans une intervention énergique, la DRAC « a demandé la fermeture immédiate du Musée avant des dégâts irréparables sur les oeuvres du Musée de Valenciennes », conclut sur ce chapitre le guide conférencier.

« une ouverture (espérée) du Musée des Beaux-Arts en septembre 2025  », Jérome-André Chapuis-Roux

En charge de la visite des salles en cours de déménagement, Jérome-André Chapuis-Roux explique que le déménagement des oeuvres (hors réserves) est en cours. Des conventions de prêts ont été établis avec différents Musées en France comme Nantes, Besançon, Tours, Bastia, Cassel, mais aussi des espaces de stockage au Louvre et au Musverre sur Sars-Poteries. Un ballet de camions s’était organisé autour du Musée de Valenciennes avec des transporteurs professionnels en déménagement de sites culturels. D’ailleurs, pour un transport confidentiel, les camions sont signalés comme « transport de fruits et légumes, ou autres, afin de conserver un certain anonymat », déclare le guide.

Salle Rubens avec des enrouleurs très spéciaux

La pièce la plus spectaculaire est la salle « Rubens » où les tableaux d’une dimension très imposante ne passent pas les portes. Il faut donc rouler les toiles, une opération d’une très grande technicité.

Salle dédiée à l’emballage des pièces

Enfin, les toiles, sculptures, gravures, etc. dans le Musée des Beaux-Arts, contrairement aux oeuvres dans les réserves, doivent partir ailleurs pendant les travaux. Cette opération de détection, d’analyse de l’état de l’oeuvre, d’emballage avec des caissons uniques pour chaque sculpture par exemple, de transport, prend un temps considérable d’où le nom pouvant surprendre d’une visite de pré-chantier « compte tenu que nous espérons que ce chantier de remplacement des verrières (par des modèles modernisés) débutera en 2023 avec l’espoir d’une réouverture du Musée des Beaux-Arts en septembre 2025 », précise Jérome-André Chapuis-Roux.

« 150 000 oeuvres pour 300 exposées », Marieke Lafineur

Une autre guide était, pour sa part, en charge de la visite des réserves du Musée des Beaux-Arts de Valenciennes. Le premier enseignement est que cette fuite majuscule « n’a pas atteint les différentes salles des réserves du Musée ». Elles sont en sous-sol au nombre de 5, plus les bureaux administratifs, avec une pièce dédiée pour les tableaux, évidemment référencés, pour les sculptures, etc., puis plus globalement pour tous les objets acquis par le Musée de Valenciennes.

D’entrée de jeu, la guide tord le cou à une légende urbaine : « Nous avons 150 000 oeuvres pour 300 exposées, mais les pièces principales sont montrées au public. Il n’y a pas de trésors cachés dans les réserves des Musées. Par contre, sur le principe qu’un objet acquis, dans le réseau des Musées de France, il est inaliénable et imprescriptible. Le Musée des Beaux-Arts, après validation de la DRAC, ne peut faire l’acquisition d’une oeuvre et s’en séparer après », commente Marieke Lafineur.

Chaque pièce des réserves bénéficie d’une température ambiante de 19°C, d’une hygrométrie de 50 % maximum, mais surtout « aucune différence thermique importante ne doit intervenir. Ensuite, chaque pièce est indépendante avec des portes coupe-feu, des pièges à insectes, des équipements anti-incendie (extincteurs, sprinklers). De même, la lumière est très faible afin de préserver les oeuvres. La mission d’une réserve est d’abord de conserver et transmettre. Evidemment, c’est également un lieu de recherche, de restauration… pour les professionnels même si elles peuvent partir au Centre de restauration national (https://c2rmf.fr/», précise la guide.

Voilà une visite instructive durant ces journées du patrimoine 2022…avec également une centenaire en pleine forme https://www.va-infos.fr/2022/09/17/la-coupole-lucien-jonas-en-apotheose-des-journees-du-patrimoine/

Daniel Carlier

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