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Valenciennes et le Valenciennois au temps de Pierre Carous (1947-1988)… en livre 

La publication d’un ouvrage sur le Valenciennois, sous l’angle géopolitique, économique, et culturel, à la lumière des mandats successifs de Pierre Carous comme maire de Valenciennes, constitue un événement. En effet, le livre de l’association du « Cercle archéologique et historique de Valenciennes et de son arrondissement » traverse les décennies, de la reconstruction d’une ville centre blessée aux 30 glorieuses en passant par les années 70/80, avec en fil rouge Pierre Carous pour l’année de son centenaire (Visuel stèle de Pierre Carous/Bon de Commande en bas de l’article).

(Visuel de Jean-Marie Richez et Pierre Guignet)

Né en 1913 à Vieux-Condé et mort en janvier 1989, après un suicide et sa légende, Pierre Carous (Pierre Carous VDN), 41 ans maire de Valenciennes, mais également député, puis Sénateur, est de fait un témoin indissociable d’un territoire iconoclaste, politiquement parlant, dynamique économiquement, et volcanique socialement. Hospitalisé après un AVC, les deux seuls visiteurs autorisés étaient le Préfet et Georges Bustin, presque un résumé des contradictions de cet édile durant 7 mandats, un Gaulliste assumé, social un temps, conservateur un autre. 

C’est pourquoi, après le livre de Jean-Marie Richez sur « La reconstruction de la ville de Valenciennes (1940-1959) », ce deuxième opus « Valenciennes et le Valenciennois au temps de Pierre Carous (1947-1988) »  est consacré plus largement à l’arrondissement de la ville-centre  en terme géopolitique avec Philippe Guignet, économique avec Jean-Marie Richez, et culturel sous la plume de Jean-Claude Poinsignon. « Attention, ce n’est pas une biographie de Pierre Carous, mais il est un témoin de son temps dans le Valenciennois. Ce livre a pris 3 ans avec une première impression à 200 exemplaires, il a bénéficié d’un temps de recherche énorme au sein des archives départementales, voire locales, mais également de 8 témoignages de personnalités, politiques ou non, bien connues » , commentent les auteurs.

Photo Pierre Carous à droite du visuel à une manifestation dans le Grand salon de l’Hôtel de Ville

Pour mémoire, 20% du centre de la ville de Valenciennes est parti en fumée en 1940… « l’incendie a duré 15 jours, il n’y avait plus de pompiers, plus aucun service pour éteindre le feu », commente Jean-Marie Richez. Comme souvent, le geste d’une personne isolée change le cours de l’histoire. En effet, un pompier volontaire habitant rue de Famars a eu le réflexe d’isoler cette rue de l’incendie et de sa propagation galopante. Voilà pourquoi cet axe urbain, contrairement à la Place du Commerce, Place d’Armes, Place du Marché aux Herbes, et Place du Hainaut, n’a pas brulé en 1940 ! La reconstruction s’est prolongée jusqu’en 1959 avec l’inauguration de l’hôtel de ville de Valenciennes par le Général de Gaulle.

Sur cette reconstruction, il est intéressant de rappeler que le maire en fonction jusqu’en 1944, Adolphe Lefranc, devait prêter serment, comme toutes les communes de plus de 10 000 habitants, au Maréchal Pétain et le gouvernement de Vichy. Durant cette période, un architecte parisien, le fameux et génial Albert Laprade, avait mis sur la table un plan ambitieux de reconstruction de Valenciennes durant cette gouvernance d’Adolphe Lefranc. Ce plan, pas complètement engagé au fil des années, fut toute même largement appliqué et validé de fait, indirectement, par le Gouvernement de Vichy. Cet homme de l’art avait même rêvé d’un parking souterrain en dessous de la Place d’Armes, trop cher aux yeux de Pierre Carous, un renoncement, et ce ne fut pas le seul, car nous avons payé ce manque d’ambition encore aujourd’hui. En hommage à cet architecte, très inspiré par Le mythique Le Corbusier et sa phrase tout aussi célèbre – Vous savez, c’est la vie qui est juste et l’architecte qui a tort-, le Conseil municipal de Valenciennes valide en 1943 le nom d’une rue de Valenciennes en hommage à Albert Laprade. Ce sera la rue de La Paix, encore présente de nos jours proche de la Place d’Armes, car cet architecte parisien était un fervent défenseur de la paix…

L’après guerre a marqué une nouvelle ère politique, la naissance de la sécurité sociale, du régime par répartition des retraites…, la montée en puissance des sympathisants gaullistes et du Parti Communiste Français. Il faut comprendre un tabou français sur les hommes politiques de l’après-guerre, les résistants, devenus acteurs politiques, n’acceptaient pas qu’un individu resté en fonction, sans parler de collaboration, sous l’administration de Vichy puisse accéder à des fonctions politiques après la seconde guerre mondiale. Cette ligne rouge était gravée pour un temps seulement, car l’élection de François Mitterand, en fonction sous le Gouvernement de Vichy, a contourné cette ligne Maginot. Tout passe un jour en politique… !

Jean-Louis Borloo l’avait noté dès son arrivée aux commandes de l’Athènes du Nord, Valenciennes était une ville très peu imposée, peu de taxe locale, une volonté de son maire Pierre Carous afin de cajoler son électorat du RPF (Rassemblement du Peuple Français), parti politique né après la seconde guerre mondiale. En effet, Valenciennes, ville de caserne couvrant 20% de son espace, une place forte militaire dans le sud du département détonnante au milieu d’une pléiade de communes passées sous la bannière communiste. Philippe Guignet explique dans le détail cette évolution du Valenciennois où Pierre Carous s’installe pour 7 mandats successifs au sein d’un territoire complètement vampirisé par les maires communistes, une razzia quasi totale.

Pou sa part, Jean-Marie Richez brosse un regard économique sur ce territoire, très industrialisé avec des conséquences indirectes à la clé. En effet, un rapport de l’Education nationale sur le Valenciennois en 1872, à la sortie de la guerre de 70, évoque une catastrophe pédagogique. En clair, ce territoire est le moins alphabétisé sur le Diocèse de Cambrai comme une conséquence du « fléau de l’industrie primaire ». Un rapport au vitriol qui, même 50 ans plus tôt que l’émergence de Pierre Carous, a peut être guidé l’action très volontariste de Pierre Carous sur les écoles de sa commune sans oublier la naissance de l’Université de Valenciennes en 1964, certes au Mont Houy…, avec le non choix d’une localisation de celle-ci sur les Tertiales, dommage ! Pour le clin d’oeil sociétal, l’hégémonie du PCF sur Le Valenciennois positionne celui-ci comme le moins christianisé de France… à cette époque !

Un SDAU en 1974 avec 600 000 habitants dans le Valenciennois

Sur le volet économique, l’émergence de la Chambre de Commerce de Valenciennes et son étroite collaboration avec la ville de Valenciennes, avant le grand refroidissement, constitue une clé de lecture indispensable. Comme le SCOT aujourd’hui, un SDAU (Schéma Directeur d’Aménagement Urbain), outil de planification urbaine sur 25 ans, est validé en 1974. Ses conclusions prospectives à l’époque sont bluffantes.

En effet, ces experts, compte tenu du développement à ce stade et des projets en cours, avait projeté une population, 25 ans plus tard, à hauteur de 600 000 personnes et Valenciennes à 70 000 habitants. Les crises industrielles sont passés par là, la mine, la sidérurgie, etc., avec aujourd’hui le Valenciennois environ à 350 000 habitants et Valenciennes à hauteur de 43 500 habitants . « L’arrondissement de Valenciennes compte en 1975, 372 749 habitants; en 2006, après l’effondrement de la sidérurgie la  population est tombée à 347 933 individus. En 2014, l’arrondissement a connu une légère remontée abritant 351 073 habitants », précise Jean-Marie Richez.

Quelques balises pour comprendre les époques de Pierre Carous

Bien sûr, le premier mandat, presque inattendu en 1947, de Pierre Carous, se qualifiant de « Gaulliste social », a participé essentiellement à la reconstruction de Valenciennes. « Il connaît son apogée en 1965 », souligne Pierre Guignet.

Puis, la suite de ces mandats fut gravée par une série de renoncements même si un quartier fut particulièrement revisité, celui des Dentellières entre 1957 et 1977, c’est même le seul post reconstruction. En effet, faute de moyens, Pierre Carous renonce à un projet majeur sur le quartier du Vignoble, mais également sur le site des Tertiales. « Il est devenu un maire conservateur », ajoute Pierre Guignet.

Enfin, Jean-Claude Poinsignon, orfèvre dans l’histoire culturelle de la ville-centre, porte son oeil acéré sur la culture traversant ses époques.

Le tout constitue un ouvrage de référence à lire pour tous les amoureux du Valenciennois,  les  personnes en quête de compréhension d’un territoire complexe à bien des égards, voire les enseignants/chercheurs. Vous pouvez commander ce livre (Bon de Commande) en adressant ce dernier directement à l’association.

Daniel Carlier

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