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Alexia, Sarah, Lydie…, un voyage avec « Z’Elles »

A l’initiative de l’ACSRV (Association des Centres Sociaux et socioculturels de la Région de Valenciennes), un partenariat fort de sens s’est noué avec l’entreprise Suez en charge sur le Valenciennois de la collecte des déchets, entre autres. L’objectif est, comme pour d’autres corps de métier, la découverte de ces activités loin des canons habituels où l’employabilité d’une femme est contestée. Le dispositif « Z’Elles » s’est donc attaché à casser ces idées reçues avec la découverte du métier de ripeuse in vivo (visuel Nawel Ait-Ahmed et Alexia).

(Severine Toullec et l’équipe d’encadrement de SUEZ sur ce dispositif Z’elles)

35 femmes, 35 vies particulières !

Le dispositif « Z’Elles », activé par l’ACSRV, organise « un accompagnement de ces femmes avec un parcours de vie difficile vers la découverte de professions comme pompier, du bâtiment, de maraîcher, mais également le métier de ripeuse. L’objet était de découvrir des métiers plutôt réservés aux hommes. Aujourd’hui, on retrouve 90% des femmes, peu ou pas qualifiées, dans les métiers du ménage ou de la garde d’enfants. D’autres voies professionnelles sont possibles », commente Anne Lescrohart, la responsable du Pôle insertion au sein de l’association. En résumé, le choix d’un métier désiré, à temps plein, constitue le coeur de ce projet dans des activités où des opportunités de carrière sont potentielles. Le pire commentaire, éculé à souhait, serait de véhiculer l’idée d’un métier trop dur pour une femme, un classement très genré sur le possible et l’impossible pour une femme comme un code conduite. Le même commentaire masculin vous dirait que la femme serait bien plus à l’aise à la cuisine, tout un programme vomitif… !

Nawel Ait-Ahmed et Anne Lescrohart

Sa collègue sur le terrain, Nawel Ait-Ahmed, explique la réalité. « Elles montent dans la camionnette et ne connaissent pas le métier que nous allons découvrir. Bien sûr, à l’annonce du métier de ripeuse, les clichés sont sortis, odeur, hygiène, poids des sacs poubelles… Pourtant, au fil de la journée, les commentaires ont évolué totalement ». D’ailleurs, certains retours de vécu sont assez piquants. « Pour une femme, c’est assez facile », commente Lydie, une Z’Elle, comme pour exploser, façon puzzle, cette idée reçue sans penser que « les femmes ont l’habitude de porter, notamment dans les services à la personne, voire d’autres activités », ajoute Anne Anne Lescrohart.

« Nous voulons avancer, car il y a un vide juridique », Severine Toullec

Depuis 2021, 10 sessions chez SUEZ, comprenant 35 femmes de ce dispositif ont découvert le métier de ripeuse. Une satisfaction pour l’association des centres sociaux du Valenciennois, mais également pour l’entreprise d’accueil. La Directrice Nord/Est de l’entreprise SUEZ, Severine Toullec, souligne en premier lieu son équipe (4 personnes) sur le terrain « tous volontaires. Aujourd’hui, ils ne voudraient céder leur place pour rien au monde durant ces journées avec les Z’Elles ».

Lydie du dispositif Z’Elles

Ensuite, Severine Toullec point du doigt un trou dans la raquette. En effet, le métier de ripeuse est autorisé par le Code du Travail, mais la législation, et plus précisément la règlementation, n’est pas claire. En effet, il y a une contradiction de taille. « Dans le code du travail, un homme peut porter 25kg et une femme 15Kg, mais il n’existe pas une réglementation sur le tirer/pousser où des sacs poubelles peuvent dépasser les 15KG. Il y a manifestement un vide juridique sur ce point. Sur chaque session (4 ou 5 à la fois), certaines participantes ont apprécié l’activité. C’est pourquoi, nous voulons avancer dans le domaine. Actuellement, nous avons 2 chauffeuses/ripeuses sur le littoral et dans l’Aisne. Nous espérons embaucher (prochainement) comme ripeuse des femmes », conclut Severine Toullec.

Enfin, l’entreprise SUEZ a fait un don financier de 5 000 euros destiné à ce dispositif Z’Elles, notamment pour compenser le coût du transport collectif sur ce projet.

Des témoignages de Z’Elles

Sarah du dispositif Z’Elles

Pour Sarah, l’expérience est positive avec « une découverte de ce métier de ripeuse en compagnie d’autres femmes ». Dans la bonne humeur, élément très important, cette initiative sort ces personnes en situation complexe d’un quotidien corseté. Rien que pour cela, le pas est énorme.

Pour sa part, Lydie ajoute « que l’odeur se dissipe assez vite ». Elle est visiblement assez favorable à une carrière dans cette activité, à suivre… !

Enfin, la jeune Alexia s’exprime en public devant une trentaine de personnes. Tout l’encadrement de ACSRV met en avant cette démarche…incroyable. En effet, Alexia prend la parole, le ton souriant, amusé, mentionnant qu’avant ces journées Z’elles, elle ne parlait exclusivement qu’à deux personnes depuis toujours. « Elle n’a pas eu son BAC pour cela », précise sa maman.

Le quotidien transformé pour ces femmes prend bien des visages, parfois une ouverture se concrétise par le plus simple geste, d’une grande banalité pour le commun des mortels, car il peut être aussi le début d’un autre soi. En l’espèce, Alexia pourra tout faire… demain !

Daniel Carlier

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