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(UPHF) Réussir la transition thermique de l’habitat

Dans le cadre de la semaine du développement durable au sein de l’UPHF, une visite du Centre d’Expérimentations et d’Etudes en Bâtiments Durables souligne un travail intense sur la recherche thermique dans l’habitat. Un site où les meilleures solutions thermiques, et les mille et une problématiques à la clé, sont testées. Toute vision monocentrée sur un choix unique est balayée très rapidement par l’enseignant/chercheur, Eric Delacourt, car les choix écologiques sur le logement pour demain et après demain passent par un agglomérat d’initiatives adaptées (visuel bâti 1950 à gauche et logement passif à droite).

(Visuel Eric Delacourt (à droite) et les participants à cette visite du CEBD)

Eric Delacourt : « Il faut aboutir à un compromis entre les différentes solutions »

Le site de l’Université Polytechnique Hauts de France est toujours en mouvement, preuve en est à travers la construction de 3 bâtis en 2017, le premier construit avec les matériaux disponibles dans les années 1950, l’autre avec la réglementation RT 2012 insistant sur la consommation d’énergie, le confort et le besoin bioclimatique, et enfin un logement passif générant autant de chaleur nécessaire que de besoin de chauffage, donc une construction autosuffisante. Trois habitats où « près de 1 000 capteurs ont été positionnés dans toutes les épaisseurs des parois, le sol jusqu’à 1,50 m de profondeur, à la fois à l’intérieur, mais également à l’extérieur. Aucune information thermique n’échappe à notre collecte de données », commente Eric Delacourt, enseignant/chercheur auprès du LAMIH.

« La modélisation ne suffit pas », Eric Delacourt

A l’heure du numérique, des technologies évolutives à l’infini dans le domaine, de l’intelligence artificielle, on pourrait se convaincre que la modélisation apporte toutes les réponses. Clairement, l’enseignant/chercheur met en exergue la nécessité d’une combinaison efficiente entre la modélisation et l’expérimentation. « La modélisation ne suffit pas ! Nous avons besoin d’informations en situation réelle. Le climat n’est pas une science exacte », précise Eric Delacourt. C’est le moins que l’on puisse dire, le dernier rapport du GIEC nous annonce l’évolution de notre environnement quotidien où nous devrons collectivement nous adapter dedans/dehors !

3 bâtis, 3 ambiances

Tout d’abord, le bâti ancien où la consommation en KWH est phénoménale, car « nous sommes sur la construction avec des briques pleines, sans paroi isolantes, etc. D’ailleurs, ce fut le plus complexe à construire afin de respecter les techniques de l’époque. Ici, nous testons avec les étudiants des isolants différents pour lesquels nous n’avons pas les réponses. Toutes nos expériences sont reliées à des capteurs », ajoute-t-il. Le toit est évidemment occupé par des capteurs solaires, différentes variantes, afin de tester encore le meilleur rendement. Un point important est à souligner sur le sujet des panneaux photovoltaïques. En effet, si l’installation des panneaux photovoltaïques fut largement subventionnée par l’Etat dans les années 2000, via un rachat de l’électricité produite, aujourd’hui la tendance s’inverse enfin. « Il devient plus intéressant de produire de l’électricité pour sa propre consommation », mentionne Eric Delacourt.

Le chercheur explose quelques idées reçues : « Dans les petites maisons de ville, même si vous bénéficiez de la mitoyenneté en terme thermique, le montage de parois isolantes prend de la place et réduit chaque pièce à vivre. C’est un véritable problème ». La solution est de fait hybride, ce sont directement les propriétés physiques des matériaux de construction sur lesquels la recherche travaille, la brique crue par exemple, des isolants extérieurs ou intérieurs, les flux d’air et bien d’autres techniques, comme la paille utilisé pour la construction innovante du Collège Jules Ferry sur Aulnoy-lez-ValenciennesOn constate que le maintien d’un simple vitrage avec son châssis d’origine, avec une seconde fenêtre simple sur l’extérieur (un survitrage), est plus efficace que les fenêtres double vitrage que nous connaissons », ajoute-t-il.

Bien sur, pour parler d’un véritable Big Band thermique sur les logements français, la construction neuve pour toutes et tous est impossible, le chemin vers une transition thermique passera mécaniquement par la rénovation de l’existant.

Bloc avec la RT 2012 où les étudiants viennent travailler

Autre bâti installé à l’UPHF, un bloc avec la réglementation RT 2012, remplacée depuis peu l’ARE 2020, comprend les dispositifs mis en oeuvre depuis plus de 10 ans, les logement collectifs sociaux ou privés, les maisons individuelles, etc., mais à ce stade les obligations sont insuffisantes au regard des besoins drastiques de réduction de notre consommation énergétique.

Enfin, un bâtiment passif où la construction est hermétique. « C’est comme un thermos. C’est parfait en hiver, car le besoin en chauffage est très léger. Par contre, en été, la chaleur est trop importante. Nous devons trouver des solutions ».

Bien sûr, le bloc habitat du futur se dirigerait vers des logements produisant plus d’énergie que sa propre consommation. Certes, les établissements publics, voire grosses structure privées, pourront bénéficier de ces techniques, les éco-quartiers… avec le bémol du coût pour le particulier. Un exemple frappant est sous nos yeux avec le fameux éco-quartier de l’îlot Folien à Valenciennes, vendu à l’époque par Dominique Riquet. Rien de tout cela à l’arrivée, certes des logements aux dernières normes, mais sur l’ensemble très loin de cette promesse de l’éco-quartier du futur. Les premiers retours des occupants sont très éclairants, un bon coup de comm écolo… qui fait Pschitt !

Tout cela pour approuver un constat d’Eric Delacourt, le travail sur l’existant permettra seul une massification de nouvelles techniques offrant le meilleur effet thermique sur le plus de logements possibles. « Il n’y a pas une seule solution ! La réduction de la consommation énergétique passe par un agglomérat de possibilités à l’intérieur comme à l’extérieur du logement. Il faut donc aboutir à un compromis entre les solutions », conclut-il.

Daniel Carlier

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