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Preveno, la santé au travail en fusion !

Santé/Travail, deux mots étroitement liés, mais si distants dans l’inconscience collective, car c’est un sujet à la fois de premier plan et pour autant peu visible dans le magma de la santé pour tous. Dans cette optique, la fusion des associations ASTAV (médecine du travail sur le Valenciennois) et STSA (médecine du travail sur la Sambre-Avesnois) symbolise la nouvelle approche légale de la discipline, plus préventive dans l’accompagnement du salarié au travail, mais surtout voulant balayée cette image d’Epinal d’une visite médicale obligatoire mal vécue (visuel Philippe Min et Yann Flanquart).

Philippe Mine : « La Médecine du Travail est financée à 100% par les entreprises »

Reprenons le fil de l’histoire de la « Médecine du Travail » méconnue, car cet encadrement nouveau émerge avec la promulgation, en 1946, d’une loi relative à la santé au travail, un lien évident avec l’apparition de la Sécurité Sociale. Toutefois, il ne faut jamais perdre de vue qu’elle n’est jamais tombée dans le giron de la santé publique. En effet, sans oublier son service au public salarié et l’agrément ministériel indispensable, le Président de l’ex ASTAV depuis 14 ans, Philippe Mine, rappelle les fondamentaux : «  La Médecine du Travail est financée à 100% par les entreprises. Nous avons au niveau national un Président de Droit du collège chef d’entreprise et un trésorier du collège salarié, et aujourd’hui un paritarisme renforcé avec un vice-président du collège salarié ».

Ensuite, avec près de 245 associations gestionnaires en France, l’offre de services était particulièrement hétérogène. « Nous avions des structures très importantes avec des dizaines de milliers de salariés affiliés et d’autres avec 1000, voire 2000. De fait, le service proposé était inégal sur les territoires », explique Yann Flanquart, le Directeur général de l’ex ASTAV depuis 8 ans.

C’est pourquoi, l’Etat a voulu dépoussiérer cette pratique où pour certaines associations le service proposé au salarié était de qualité d’autres plutôt dans un vieux mode éculé d’une visite médicale obligatoire avec si peu de retour à la clé. « C’est une médecine subie », tance Philippe Mine.

A travers la loi du mois d’août 2021, l’Etat a voulu mettre l’accent sur la prévention au travail avec la création des SPSTI (Service de Prévention et de Santé au Travail) en lieu et place de la « Médecine au Travail ». Toutefois, la nouvelle mouture organisationnelle n’est pas sortie du chapeau naturellement. Force est de constater que le 1er projet, révolutionnaire, voulait imposer une structure unique dans les 13 régions administratives existantes depuis 2015. 

Site de l’ASTAV à Saint-Saulve

Les associations existantes ont réagi avec une contre-proposition pris en compte par le Ministère de tutelle, celui du Travail et pas celui de la Santé. Par suite, l’Etat a voulu concentrer les associations avec une taille minimale, un nombre de salariés à couvrir minimum. Cette démarche est assez classique depuis quelques années où le pouvoir régalien recherche la concentration des compétences avec un service au public associé (bailleurs sociaux, service à l’emploi, professionnels de santé). Une certification est à la clé avec mécaniquement de la casse pour les associations récalcitrantes à ce changement. Cette nouvelle carte de la santé au travail constitue donc  la 1ère raison de ce rapprochement inévitable entre l’ASTAV et la STSA. 

Ensuite, l’ASTAV avait un intérêt historique d’étendre un service de la santé au travail sur le Hainaut, notamment le sud du département. La prochaine étape serait l’addition du Cambrésis comme de multiples acteurs du Hainaut, CCI Grand Hainaut, Université Polytechnique Hauts de France… ; un vieux rêve caressé, mais jamais atteint pour l’existence d’un département du Hainaut. « Je me sens Préfecture », déclarait déjà début des années 1970, Louis Duvant (Fondation Duvant) adjoint au Conseil municipal de Valenciennes. 

« Un intérêt partagé », Philippe Mine

Enfin, la dimension des structures existantes a conduit à cette fusion compte tenu « d’un intérêt partagé », souligne Philippe Mine. Le DGS ajoute : « C’est un secteur en souffrance avec une véritable difficulté de recrutement. Heureusement, nous avons des médecins belges (60% de l’effectif) ».

La Sambre-Avesnois, malgré une équipe motivée et expérimentée, est en sous-effectif chronique. Cette fusion au 01 janvier 2024 sous le nom de PREVENO, devrait permettre un meilleur recrutement. In fine, l’effectif total devrait s’articuler autour de 34 médecins, pour 27,9 ETP, 14 infirmières, 28 intervenants en risques professionnels de santé, 38 auxiliaires secrétaires à l’accueil, 7 salariés permanents au sein de la cellule Risques Pro, et 14 salariés sur les fonctions supports. 

Cette fusion intervient clairement pour respecter la loi, mais également pour assurer une offre de service digne de ce nom sur des bassins d’emplois industriels puissants.

6 sites pour PREVENO

Hier totalement éclaté sur le Valenciennois, avec 13 sites pour l’ASTAV, cette dernière a recentré son service sur des sites de haut niveau. Le bâti sur l’espace 1 Avenue de l’Europe à Saint-Saulve est édifiant sur cette volonté de qualité du service. « Nous avons 3 sites sur l’ex ASTAV, Saint-Saulve, Denain, et dès l’été 2024 sur Saint-Amand-les-Eaux. Sur la STSA, nous souhaitons conserver Fourmies, car il y a beaucoup d’emplois, Louvroil avec un rapprochement vers Maubeuge, et enfin Le Quesnoy à ce stade », précise Philippe Mine, président par intérim de PREVENO.

Outre l’espace bâtimentaire, le recrutement de médecins sera au coeur de cette nouvelle entité juridique. Bien sûr, la filière belge avec un territoire de la Sambre-Avesnois proche de Mons pourrait être une solution, mais l’attractivité des professionnels de santé en France demeure également un objectif. 

« Changer notre image », Philipe Mine

Le croisement entre la santé au travail et la médecine publique est indéniable surtout lorsque le médecin du travail détecte une ou plusieurs addictions. Pour autant, cette discipline n’est jamais tombée sous la tutelle du Ministère de la Santé, évitant la dépendance à l’ARS (Agence Régionale de Santé).

Pour autant, la « médecine préventive est toujours le parent pauvre », mentionne Yann Flanquart. C’est pourquoi, il faut changer de logiciel, une conduite du changement en langage public, afin de proposer une médecine préventive, un appui pour les TPE et PME.

Par suite, le besoin de modifier l’approche du salarié, mais également du chef d’entreprise (80% des affiliés, entreprise mois de 10 salariés, 92% moins de 50 salariés), car « les grands industriels sur le Hainaut ont déjà un service associé, il est plus simple de travailler avec eux. Par contre, nous pouvons apporter une plus-value aux entrepreneurs TPE/PME afin de mieux cerner la prévention au travail. Cette demande d’une meilleure condition au travail est aujourd’hui un besoin réel du salarié. Le salaire n’est plus la seule revendication », indique le DGS.

Voilà le cadre ambitieux d’un nouvel acteur comme PREVENO sur la « Médecine du Travail », une terminologie usagée que les acteurs concernés n’ont pas encore transformé à ce stade, ou provisoirement par un acronyme de plus, SPSTI. Il faudra trouver une bonne idée afin de remplacer une autre vision de la santé au travail. 

Ce mardi 30 janvier 2024, l’Assemblée générale se tiendra afin de mettre en place le prochain Conseil d’administration avec un cadre de la loi précis, une présidence pour 4 ans renouvelable une fois. A la fois, médecin et chef d’entreprise avec le laboratoire MINE, une dualité rare, car « je pense être le seul avec cette double casquette en France me permettant de comprendre une problématique dans le champ médical, mais aussi en capacité de faire des choix, comme pour une entreprise, pour une association. Je suis un Président (par intérim) heureux et reste très optimiste pour la suite. Notre expérience sur les deux territoires devrait permettre de nous développer », conclut Philippe Mine candidat à la présidence de Preveno.

Daniel Carlier

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