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L’UPHF en pleine révolution structurelle et systémique !

Avec 12 000 étudiants référencés au sein de l’Université Polytechnique Hauts de France, basée sur Valenciennes, Wallers, Maubeuge et Cambrai, le Grand Hainaut universitaire est un acteur incontournable d’un éco-système bousculé et dynamique à la fois. Pour mieux cerner les enjeux et les défis de cette université ambitieuse dans le sud du département, rencontre avec Abdelhakim Artiba, Président de l’UPHF, et Philippe Dulion, le DGS (visuel façade bâtiment Ronzier).

(Visuel Abdelhakim Artiba dans le hall du nouveau bâtiment Ronzier)

On n’est jamais mieux servi que pas soi-même. C’est pourquoi, il ne faut jamais perdre de vue que l’UPHF est propriétaire de tous ses bâtiments. A ce titre, c’est une exception en France où seulement 4 universités ont négocié et obtenu le transfert de propriété. « D’ailleurs, c’est la seule université dans les Hauts de France », précise le Président de l’UPHF.

Dans ce cadre, le souci d’une gestion volontariste de son patrimoine inscrit l’UPHF dans une recherche de lisibilité et de visibilité au sein de l’eco-système du Grand Hainaut. « Nous ne rénovons pas seulement les sites pédagogiques, mais également un gymnase, un centre de santé, la Maison de l’Etudiant… », souligne Philippe Dulion.

Pour autant, l’image de marque d’une métamorphose réussie passe par des choix audacieux. Justement, la réhabilitation majuscule du bâtiment classé « Ronzier », en face du Phénix et du site pédagogique des Tertiales avec 3 500 étudiants, est quasi achevée. « Nous répondons à une demande de la ville de Valenciennes sur un bâtiment très dégradé. Elle s’inscrit dans une logique de rénovation globale du quartier », précise Abdelhakim Artiba. « Le coût global de cette rénovation, avec les subventions dont Valenciennes Métropole, est de onze millions d’euros », ajoute Philippe Dulion. Après deux ans de chantier, l’ancien bâtiment « Ronzier » prend toute sa dimension avec l’école d’art toujours sur site, un nouveau restaurant universitaire, la délocalisation de la Présidence du Mont Houy à Valenciennes, et surtout une nouvelle BU (Bibliothèque Universitaire) ouverte au territoire et accessible au grand public. 

Ensuite, sur le Mont Houy, le bâtiment « Eisen » a été refondu totalement, un bâtiment polyvalent avec des espaces de coworking est en construction à coté de l’IMTD, etc.,  mais le coup d’avance ou le rattrapage français éclatera sans doute sur le bâtiment « Herbin » au Mont Houy, « le plus moche » voire dans son jus du XXème siècle. « Nous allons construire un espace numérique avec un accès libre 24H/24, 7j/7, pour les étudiants, les habitants, et les entreprises », commente avec fierté le Président. Cette idée ne vient pas d’un campus universitaire américain ou de l’autre bout du monde, mais d’un rapprochement entre « l’UPHF et l’Université d’Agadir (Maroc) avec 150 000 étudiants où vous avez plusieurs fonciers dédiés au numérique avec cette philosophie d’une ouverture à tous, une interaction est née entre les étudiants, la population, et le monde de l’entreprise. Cela devient un lieu d’échanges fort », déclare Abdelhakim Artiba. Cette convention gagnante-gagnante permettra des échanges universitaires soutenus entre ces deux universités. « Le chantier « Herbin » devrait démarrer en 2024 et se terminer en 2026. Sur l’ensemble de ce mandat, nous allons investir 67 millions d’euros dans la rénovation des bâtiments (subventions comprises) », commente Philippe Dulion.

« Des sites ciblés », Abdelhakim Artiba

Bien sûr, nous parlons d’une université déclinée sur trois territoires, un bassin de vie de 800 000 habitants avec un regard particulier de la gouvernance sur le site de Maubeuge. « Nous menons une réflexion avec nos partenaires (ville, agglo, la région, l’UPHF, l’iNSA et les laboratoires) pour mettre en oeuvre plus de filières sur ce site universitaire. Certes, il y a déjà un cycle spécifique sur la cybersécurité, mais nous voulons faire plus. Nous regardons notamment avec la Direction de l’IUT », commente le Président de l’UPHF.

Surtout, le site de Maubeuge doit atteindre une masse critique d’étudiants, environ 1 000. C’est pourquoi, une nouvelle dimension de l’IFSI (Ecole d’infirmière) est en cours sur Maubeuge. Pour cela quelques freins sont à lever : « Il y a des remontées négatives sur le restaurant universitaire, mais également l’accès au transport », précise la gouvernance.

Pour rappel, les anciens DUT et les Licences Pro ont été refondus dans un nouveau cycle de 3 ans, le BUT (Bachelor Universitaire de Technologie) en septembre 2021. Enfin et surtout, la ligne de train passe par Aulnoye-Aymeries en principal et « nous travaillons avec les acteurs du transport pour une meilleure desserte de l’université sur Maubeuge », précise Philippe Dulion. Le choix historique, ou refus, du chemin de fer durant son déploiement dans les départements se paye chaque jour… !

Enfin, pour prendre le surplomb nécessaire et aborder un sujet épineux, le choix des prochaines filières est une thématique difficile, très tendue. L’UPHF a été particulièrement critiquée lorsque la filière STAPS a été remodelée, mais « nous devons adapter et former les étudiants aux besoins du territoire. Par exemple, le passage de Toyota aux voitures 100% électrique peut nous pousser à revoir notre filière pédagogique sur le transport terrestre ! », explique Abdelhakim Artiba. Clairement, la matière est aride et Abdelhakim Artiba a de nouveau exprimé, durant ses voeux au personnel 2024, cette volonté de coller aux filières porteuses. Oui, la formation initiale plus large peut en pâtir et des enseignants/chercheurs peuvent être heurtés, mais cette démarche est incontestablement un sujet d’ampleur national. Un jour, en forçant volontairement le trait, tous les enseignements en sténodactylo ont disparu comme un dinosaure pédagogique plus utile à la société, donc plus porteur pour l’avenir professionnel des apprenants. C’est un frein à la liberté historique de la formation initiale, certes, mais aussi une voie de sortie vide de sens ! Toujours en lien avec cette idée, au sein de toutes les universités françaises, à l’UPHF comme ailleurs, la passerelle est devenue la norme afin de permettre à un échec pédagogique personnel de s’orienter vers un autre cycle universitaire plus taillé pour ses aptitudes.

Concernant le site de Cambrai, la problématique est moins prégnante puisqu’une Ecole d’Arts est déjà présente, la présence de l’Université de Lille, et l’UPHF, permet d’atteindre la « masse critique de 1 000 étudiants. Néanmoins, nous menons la même réflexion avec les acteurs du territoire sur le besoin local. Nous voulons des filières de l’UPHF ciblées sur chacun de nos sites », conclut sur ce chapitre la Présidence.

Une formation de proximité pour lutter contre les déserts médicaux

Attention sujet de tension, car la formation pédagogique sur la santé à Valenciennes est un dossier historique, une pointe de jalousie sur l’agglomération lilloise… Toutefois, ce dossier est porté avec vigueur par le Centre Hospitalier de Valenciennes, l’édile de la commune, et l’espoir n’est pas perdu. 

Pour introduire son propos, Abdelhakim Artiba cite Gaston Berger, un ingénieur humaniste reconnu dans l’histoire. « Il a choisi d’implanter des formations en province dès le début. C’est pourquoi, nous souhaitons des enseignements pédagogiques dans le domaine de la santé sur le Grand Hainaut. Par exemple, nous proposons des formations en santé sur la prévention, le handicap où nous sommes très en pointe, le paramédical comme la kinésithérapie…. Nous pouvons former des ingénieurs de la santé. Pour autant, nous ne sommes pas en rivalité avec Lille, ni avec aucune autre université, mais complémentaires », indique le Président de l’UPHF.

En dézoomant un peu plus, le Président remet en perspective cette demande avec les déserts médicaux. Sujet débattu et phosphoré au plus haut niveau même si un discours synoptique est quasi impossible. Pour autant, une voie de bon sens est à portée de main. « Les étudiants étrangers ne viendront pas sur Valenciennes, ni sur Maubeuge, ni sur Cambrai, tout comme les apprenants sur le Lillois ! Alors pourquoi ne pas faire le choix d’une formation initiale en province où à la sortie, vous pourriez conserver une partie des étudiants sur ce territoire compte tenu de leur histoire personnelle. Nous devons maintenir nos étudiants chez nous ». C’est basique, mais l’argument est plus que crédible « si nous ne croyons pas dans notre territoire. Qui va le faire ? », ajoute-t-il. Incontestablement, la réflexion doit cheminer sur le temps long en mode « pool et pas push ». En fait, l’UPHF fait partie de l’éco-système du Grand Hainaut et cette meute institutionnelle et privée doit se rendre attractive, y compris sur cette thématique, comme une voie de recours évidente. L’impossible aujourd’hui, possible demain, les détracteurs se souviendront des préfabriqués, à coté de la Gendarmerie Bd Harpignies à Valenciennes, et le site actuel des Tertiales en face de ce nouveau bâtiment « Ronzier » transformé !

« Plus de moyens », Abdelhakim Artiba

Evidemment, ces réflexions sont conduites au plus haut niveau. Un besoin local, une aptitude, une pédagogie adaptée, voilà la lecture simple de la feuille de route où les Présidents des Université ont vu avec satisfaction le maintien de la Ministre de l’enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, très utile pour le suivi des dossier. « Elle connaît le monde universitaire avec notamment celle de Paris-Saclay, son ex présidente ! », souligne Abdelhakim Artiba.

Le choix du Président de la République avec un acte 1 de l’autonomie, sous son premier mandat, affiche la volonté d’un acte 2 de l’autonomie des Université françaises. « Certes, nous avons aujourd’hui la main sur la gestion de l’effectif des universités, mais pas du tout sur le recrutement, la promotion des collaborateurs, tous métiers confondus, de l’université. C’est un véritable problème ! Si nous n’agissons pas rapidement, on va se faire bouffer par le privé. On ne peut pas attirer des enseignants/chercheurs de talent sans la rémunération associée ! ». Ensuite, sur le passage à l’acte 2. « Oui, des moyens vont être alloué à cette démarche, mais où seront-ils fléchés ? », conclut le Président de l’UPHF. Plus localement, le cap est clair, il faut rendre attractif l’UPHF afin de permettre de « dénicher les talents et de les accompagner ».

Pour conclure sur un sujet pragmatique, la plateforme https://www.monmaster.gouv.fr est ouverte depuis ce lundi 29 janvier. C’est la 2ème année et permet à tous les étudiants français de connaître l’offre Master complète en France.

Daniel Carlier

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