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Cérémonie Doctor Honoris Causa de l’UPHF à Valenciennes

Ouided Bouchamaoui, Prix Nobel de la Paix 2015, Hicham El Guerrouj, double champion olympique et légende du sport, Yasmina Khadra, écrivain mondialement reconnu, Koffi Kwahulé, homme de théâtre renommé, et la famille du regretté compositeur musical Manu Dibango étaient les 5 récipiendaires du titre universitaire « Doctor Honoris Causa » de l’UPHF. Au sein du Phénix à Valenciennes, ce moment d’universalité a dépassé le simple événement local, son impact ne se mesurera pas au coin de la rue demain, mais il chante déjà dans nos coeurs, anime encore nos esprits et surtout nous procure pendant un temps ce supplément d’âme indispensable pour changer le monde.

(Tous les récipiendaires, leurs parrains et des personnalités de l’UPHF)

Le Professeur et vice-président de l’UPHF Arnaud Huftier était le maître de cérémonie et il avait une histoire à nous conter. En effet, cette cérémonie Doctor Honoris Causa, en hommage à des personnalités remarquables africaines, aurait du se dérouler en juin 2020, puis la Covid est passée par là, et a remporté le son inoubliable de Manu Dibango le 24 mars 2020… ! « Nous avions eu son accord dès février 2020 et de toutes ces personnalités hors normes », précise-t-il. 

Abdelhakim Artiba, le Président de l’Université Polytechnique Hauts de France, était emprunt de solennité et d’émotion à l’entame de son propos liminaire : « Nous avons décidé de poursuivre cet objectif pour ces 5 personnalités d’Afrique d’exception. En effet, cet événement est important pour nous, les universités partenaires, nos enseignants chercheurs et nos étudiants. Notre éco-système, ici au Phénix, dans ce haut lieu de la culture à Valenciennes, c’est la richesse des savoirs et des coeurs ».

L’importance de la manifestation a débordé au delà des frontières puisque la Ministre ivoirienne de la culture était présente, un député du Maroc, le maire de Valenciennes, la député de la 21ème circonscription et une conseillère régionale et afin d’illustrer ce maillage entre les composantes d’un savoir partagé, 40 doctorants, sur 130, des années 2021, 2022, et 2023 ont reçu leur titre devant une salle comble. 

« Pour la femme tunisienne et la femme arabe en général », Ouided Bouchchamaoui

Le parcours de la première récipiendaire, Ouided Bouchchamaoui, résonne dans la salle comme un contrepoint à une lourde actualité mondiale. Première femme africaine présidente d’une organisation patronale en 2011, elle se définit comme une « femme d’affaires ».

Sa marraine souligne que cette terminologie était réservée aux hommes jusqu’au début des années 90. « Elle porte des valeurs », rappelle Véronique Lagae. Bien sûr, elle a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2015 pour son rôle crucial dans la transition démocratique après la révolution de 2011 en Tunisie. Commandeur de la légion d’honneur et bien d’autres distinctions, Ouided Bouchchamaoui véhicule partout la parole de la paix. 

Elle est aujourd’hui enseignante dans l’émirat d’Abou Dabi dans la « résolution des conflits » et particulièrement heureuse de recevoir cette distinction : « Ce titre universitaire récompense ma personne, mais plus encore les femmes du monde et leur effort collectif pour la paix. Mon parcours m’a forgé une vision pour la paix, une tolérance, celle de s’accepter les uns les autres ! Cet insigne Doctor Honoris Causa est pour la femme tunisienne et la femme arabe en général ».

« J’espère inspirer la jeunesse », Hicham El Guerrouj

Pour mettre en lumière l’importance du sport au sein de l’UPHF, l’Université a choisi d’honorer une icône marocaine et mondiale du sport. Pour les plus jeunes, c’est l’Usain Bolt du demi-fond en athlétisme. Une légende du sport, double champion olympique en 2004, sportif mondial de l’année en 2004, multiple champion du monde, et détenteur encore du record du 1 500 mètres et du Mile. «  Vous inspirez tous les athlètes », déclare son parrain, Bachir Zoudji.

Aujourd’hui, après avoir cessé sa carrière en 2005 « car tous mes objectifs étaient atteints » après deux échecs en 1996 et 2000 en finale du 1 500 mètres olympique, il a repris ses études à seulement 31 ans. Ambassadeur de l’Unicef au Maroc, membre du CIO, il est investi dans le partage de ses valeurs. « Je viens d’un milieu très modeste au Maroc où l’amour, le respect, et le partage ont mobilisé mon énergie. J’ai connu les joies et les chagrins durant ma carrière sportive et j’espère inspirer la jeunesse. C’est un très grand privilège de recevoir ici ce titre de Doctor Honoris Causa », explique le champion d’hier et d’aujourd’hui. Il apporte aussi son regard sur l’étudiant et le sportif de haut niveau : « J’ai été obligé de stopper mes études pour ma carrière sportive. Aujourd’hui, je pense que cumuler les deux est possible grâce à la technologie ».

« L’humanité n’a pas été conçue pour être parfaite », Yasmina Khadra

Déjà présent pour une conférence devant les doctorants, Yasmina Khadra est un écrivain algérien, en langue française, de renommée mondiale, très lu et très étudié de par le monde. L’Académie française et l’institut de France ont honoré cette plume universaliste, sa sensibilité sur les questions sociales et politiques, sans oublier son appétence pour la défense des Droits de l’Homme, et la liberté d’expression en Algérie. Son parrain, Mohamed Djemai, naviguait entre humilité et admiration, presque surpris de faire l’éloge d’une telle personnalité, car « son oeuvre littéraire magistrale » dépasse les frontières. 

Pour croire dans les vertus de l’humanité, il faut en accepter les travers, c’est le message que voulait passer Yasmina Khadra à cette assemblée prestigieuse : « L’humanité n’a pas été conçue pour être parfaite, nous travaillons collectivement à corriger ses imperfections ». 

Lui aussi était envahi par une émotion tout en retenue, car « la gloire ne fait frémir que ceux qui en sont dignes », un instant de littérature universelle partagée.

« J’appartiens à la famille du théâtre », Koffi Kwahulé

Personnage truculent, il est spectacle à lui tout seul. Jeune étudiant, il a fait de Paris un point d’ancrage, la ville où le jazz est né. Inspiré tout autant par le cinéma français, son écriture théâtrale revisite les dynamiques sociales et politiques de l’Afrique. De fait, son oeuvre a traversé les continents et a reçu des distinctions de par le monde. Pour autant, l’artiste souhaite mette en lumière « le Victor Hugo africain », l’écrivain ivoirien Bernard Dadié décédé en 2019 à 103 ans. « Comme lui, je suis aujourd’hui’ Doctor Honoris Causa », dit-il fièrement.

Ardent défenseur de l’éducation artistique, Koffi Kwahulé transmet cet art de la scène, car « J’appartiens à la famille du théâtre où à travers le monde, nous sommes tous considérés comme des bohémiens. Toutefois, la présence, ce soir, de la Ministre de la culture de mon pays m’honore et me connecte plus fort encore à mon pays ».

Manu Dibango pour l’éternité

L’épouse et les deux enfants de Manu Dibango étaient présents à cette cérémonie où l’artiste a  reçu à titre posthume le titre académique de Doctor Honoris Causa de l’Université Polytechnique Hauts de France. « Il nous parlait déjà de cette manifestation, il avait prévu avec l’UPHF de jouer avec le conservatoire de Valenciennes à l’occasion de cette cérémonie prévue en juin 2020. Malheureusement, la Covid l’a emporté en mars 2020. Même s’il a reçu de multiples distinctions dans le monde, il était très fier de celle promise à l’UPHF », commente son fils.

Arnaud Huftier a fait l’éloge, quatre ans après, d’un « être de quelque part sans s’y réduire ». Mondialement reconnu, Manu Dibango a aussi oeuvré à la transmission musicale en soutenant les Droits des artistes africains, leur promotion, leur reconnaissance et bien sûr leur émergence sur le continent. 

En hommage, le Big Band Universitaire, mélange de musiciens entre le conservatoire et l’UPHF, a joué des morceaux de l’artiste, et notamment à travers une performance de danse spécialement conçue pour cette occasion. 

Pour clôturer cette soirée magique, l’assemblée a inauguré le nouveau bâtiment « Ronzier » , après deux ans de travaux, comme un nouveau lieu de gouvernance au coeur de Valenciennes.

Daniel Carlier

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