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Frédéric Logez dessine son armée des ombres.

Sur les murs de l’Imaginaire, centre des arts et de la culture de Douchy-les-Mines, sont apposées des affiches. En noir et blanc, l’exposition « Portraits debout (paysage couché) » de Frédéric Logez, made in L’art dans les quartiers, les quartiers vers l’art du Printemps Culturel, raconte l’histoire de ceux qu’il appelle « les petites gens qui font des choses magnifiques ». Quand la bande dessinée documentaire rencontre l’art mural. Original. A ne pas manquer.

(@crédit photo CélDB)

François Derquenne : « Frédéric Logez a levé une armée d’ombres magnifiques. » 

Elles attirent le regard. Elles interrogent. Elles plongent le lecteur dans une histoire. Une histoire vraie. L’ artiste Frédéric Logez conçoit ses bandes-dessinées sous forme d’affiches grand format, des planches géantes de BD prêtes à occuper les murs des villes. Là où l’idée est attachante, c’est que plutôt que de raconter des aventures de super-héros, il préfère se pencher sur l’histoire des gens qu’il rencontre et des lieux qu’il visite, le portrait debout met donc en scène des personnages réels des temps présents. A leur coté, une BD se déroule. Après tout, en chacun de nous, il y a un super-héros. « Le portrait de bout redresse des histoires que l’on dit ordinaires, un quotidien où souvent se cache la résistance, l’insolence, le courage, l’endurance, l’insoumission, la soif d’émancipation, une pensée libre…. »

C’est dans le cadre du parcours « L’art dans les quartiers, les quartiers vers l’art » du Printemps Culturel, soutenu par le Centre des Arts et de la culture L’Imaginaire, la ville de Douchy-les-Mines et la Politique de la ville, que l’exposition « Portraits debout (paysage couché) », visible jusqu’au 31 mars, réunie pour la première fois l’ensemble des affiches ainsi réalisées par l’artiste, comprenant notamment trois créations originales produites en résidence à Douchy-les-Mines, dont le portrait de l’ancien maire de Douchy, Auguste Vesseron, de 1921 à 1924, en pleine période « de l’entre deux guerres, temps de turbulences », réélu de 1929 à 1939, qui a été le premier donneur de sang sur le champ de bataille.

L’amoureux des BD met en lumière, en affiche et en bande-dessinée la mémoire populaire, il « redresse les histoires »

« C’est une chose un peu étrange. Mon travail associe affichage mural, portrait grandeur nature d’un personnage réel et un médium pour dessiner où viennent se rassembler des récits de personnes que l’on dit modestes. C’est mettre en exergue cette singularité. Un travail engagé qui vient essayer de redresser des histoires modestes face à la grande Histoire.  Le portrait debout explore le tissu social, le rapport au travail, la mémoire familiale, historique, régionale…met à l’affiche et en bande dessinée la mémoire populaire», confie l’artiste lillois. Un choix qu’il a fait parmi les rencontres qui l’ont touché, tout simplement. « Ensuite les personnes mettent à disposition leur histoire, leurs archives familiales, etc… »  Une démarche qui s’inscrit dans la lignée d’un art narratif et engagé qui s’est développé dans les années 1960-80, autour de la Figuration libre. Fort d’un manifeste, l’artiste détaille «ces planches/affiches, consacrées à un personnage réel, représenté en pied, grandeur nature, contiennent différents blocs didactiques, illustratifs ou narratifs qui viennent compléter son portrait, déplier sa biographie. La technique est mixte, associant dessin à l’encre, feutre, crayon gras, fusain, lavis, crayon de couleur…».

A la rencontre des habitants du territoire, l’art dans les quartiers, les quartiers vers l’art.

Johan Grzelczyk, Directeur de projets du Printemps Culturel explique « l’idée est de permettre à l’artiste de faire son miel d’une identité locale, en favorisant la rencontre entre l’ artiste et les habitants.   Il a écrit un manifeste et maintenant d’autres artistes s’y collent». Le but étant de favoriser «  la découverte du travail d’un artiste, de lui permettre de toucher un public mais aussi d’enrichir sa démarche ». François Derquenne, le directeur de l’Imaginaire souligne « c’est une très belle proposition du Printemps Culturel, une rencontre humaine et artistique d’une grande richesse qui renvoie à l’éducation populaire et avec un très beau geste artistique. » 

En effet, l’exposition est issue d’un travail sur le long terme, Frédéric Logez est apparu aux habitants de Douchy en juin 2017, puis il y est venu en résidence de multiples fois, il a rencontré les habitants, des historiens locaux, mais aussi fréquenté le café du coin…là où, comme dit l’artiste, « on trouve des atmosphères, on sent des ambiances ».

Frédéric Logez et les artistes qui ont signé le manifeste n°1.

Le projet « portraits debout, la forêt », quand l’exposition s’ouvre à d’autres artistes.

Trois artistes ont ajouté leur toile à cette exposition, Sophie Martineau, Germain Jammernegg et Jean-Michel Vanweydeveldt sont les premiers signataires du manifeste n° 1. Frédéric Logez a pour objectif « d’édifier une forêt de portraits debout, de faire pousser une forêt dense et de toutes essences, couvrant vallées, plaines, plateaux, murs de la cité, salle des fêtes, hall de mairies, … ». Le projet s’ouvre à tous, chaque personne peut s’emparer de la démarche et ainsi concevoir des portraits debout. Et n’oubliez pas, la modestie, la simplicité et la fragilité ne sont pas des défauts, mais des qualités,  elles font la force du sujet…

Nouvelle édition du MAG en mars 2018 sur https://mag.va-infos.fr

Céline Druart Beaufort
Infos pratiques. Exposition « portraits debout ( paysage couché) à l’Imaginaire, centre des arts de Douchy les Mines. Place Paul Eluard. Visible jusqu’au 31 mars aux heures d’ouverture de l’Imaginaire. 03.27.22.25.20

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