La SIGH dans son « ELAN »
Dans son programme de rénovation de son parc de logements, le bailleur social SIGH (ex SA du Hainaut et V2H) a investi massivement sur la résidence Saint-Blaise à Saint-Amand-les-Eaux. L’occasion d’évoquer cette fameuse loi sur le logement « Elan » qui ne manque pas de soulever de vives inquiétudes…sur plusieurs items (visuel Alain Bocquet, Pierre Tonneau).
Rénovation de la résidence Saint-Blaise à Saint-Amand-les-Eaux
Après 14 mois de travaux, la résidence Saint-Blaise (rue de la Paix) s’est transformée considérablement. « Je n’aime pas le mot réhabilitation, car il ne reflète pas l’effort de modernisation comme c’est le cas sur cette résidence Saint-Blaise », souligne Pierre Tonneau, le président du Directoire de la Société Immobilière Grand Hainaut (SIGH).
En effet, cette réhabilitation est d’envergure pour un montant significatif de 3,6 millions d’euros. Le niveau de modification est impressionnant, l’enveloppe complète des bâtiments (toiture, façade), les châssis, les portes, une nouvelle chaudière pour le chauffage collectif, l’électricité complètement remise aux normes, l’embellissement intérieur des logements comme les peintures, le revêtement de sol, mais également les parties communes, le changement des boites aux lettres… Tout ceci s’est conjugué avec une nouvelle configuration du coeur de la résidence, plus aérée, plus conviviale, avec un véritable chemin pour les PMR, un environnement paysager à partager. « Il était temps, car cette résidence était vraiment vétuste. Nous sommes très satisfaits de cette modernisation. Il fait bon vivre à la Résidence Saint-Blaise », explique Maurice Prouveur, président de l’association représentant l’ensemble des locataires.
En terme de logements, ils sont au nombre de 70 sans modification de typologie sauf la création de logements PMR. « Ils remplacent l’ancienne agence SIGH. Nous avons construit deux logements PMR occupés par des habitants de la Résidence Saint-Blaise », précise un responsable de SIGH. Parfaitement accessibles, ces habitats constituent un plus pour la collectivité.
Ensuite, un aménagement du quotidien a été apporté également. Le fameux local poubelle d’un immeuble collectif est totalement désuet à l’usage. Difficile d’entretien, des bacs à déchets souvent dégradés, le local lui même fait parfois l’objet de détournement de destination. « Nous avons opté pour le choix des colonnes enterrées avec le concours du SIAVED. Trois sont installées dans le coeur de la résidence, et trois nouvelles le seront durant cet été à l’entrée de la Résidence Saint-Blaise », explique un responsable.
Hausse des loyers et baisse de la facture thermique
Bien sûr, cette enveloppe financière aura un impact sur le montant des loyers. « La Résidence Saint-Blaise est notre 3ème investissement le plus important sur la cité thermale », souligne Pierre Tonneau.
En effet, une augmentation des loyers est prévue à hauteur de 7,9% répercutée en deux ans. « Cette hausse n’est intervenue qu’à la fin des travaux (avril 2018). Elle devrait être compensée par la baisse de la facture énergétique », explique un responsable de SIGH. Sur ce point, Maurice Prouvreur est optimiste sur le sujet. « Vu l’état des châssis, des portes, je pense qu’en hiver notre facture énergétique sera véritablement diminuée », commente Mme Prouveur qui ajoute « nous voudrions voir les anciens locaux poubelles aménagés pour les poussettes, voire les vélos ».
Vente de logements sociaux ???
Le sujet du moment, la nouvelle loi « ELAN » est venue défrayer la chronique à plus d’un titre. Les bailleurs sociaux ont abondamment, et à juste titre, crié haut et fort leur réprobation face à la ponction du gouvernement sur les APL. « Cela représente pour nous environ 10% du montant des loyers. De facto, cela réduit notre capacité à construire des logements neufs. La SIGH a choisi de réduire son programme de construction de logements neufs, mais par contre de se concentrer sur la modernisation de son parc de logements existants », explique Pierre Tonneau. La rénovation très lourde de la Résidence Saint-Blaise à Saint-Amand-les-Eaux est une parfaite illustration de cette nouvelle donne.
Par contre, ce que les bailleurs sociaux ont perdu d’une main, leur lobbying (et bien d’autres) exercé sur le gouvernement a payé afin de leur permettre de vendre des logements à des particuliers… ! Là, ils sont nettement plus discrets sur ce coup de force discutable. Alain Bocquet, maire de la commune, est inquiet : « Certes, je félicite la SIGH pour cette excellente requalification, après la cité de l’Elnon, et la résidence Barbusse. Par contre, compte tenu de cet article de la nouvelle loi Logement « Elan », cela fait craindre l’achat par des spéculateurs, des marchands de sommeil etc. De plus, nous risquons des problèmes de copropriétés, des soucis de cohésion sociale ».
Certes, les bailleurs sociaux ont besoin de retrouver du cash pour construire. Cette nouvelle disposition devient de facto un outil de reconstruction financière afin de relancer une programmation dans le neuf. Et en même temps, l’objectif d’un bailleur social est de compléter le travail d’un promoteur privé en offrant des logements plus accessibles financièrement. A ce titre, il bénéficie de fonds d’Etat pour la partie construction, de crédits d’Etat, de garantie d’emprunt etc. avec au final une porte ouverte pour se comporter comme un promoteur 100% privé !!!! Un sujet qu’il va falloir surveiller de très très près… afin d’éviter un changement radical de mission, et de transformer un bailleur social en promoteur tout court… !
Daniel Carlier