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(Valenciennes) Mort publique de 2 services municipaux !

Vu la tempête sociale suscitée, précisons le contexte de cet article pas banal. Suite au Conseil municipal de Valenciennes du 19 octobre dernier, les Groupes politiques de l’opposition, Valenciennes Citoyenne, Valenciennes Verte et Solidaire, et Valenciennes, c’est vous, ont décidé d’organiser un point presse afin de contester la décision de la majorité municipale concernant la suppression du Service d’aide à domicile (SAD) et de soins infirmiers à domicile (SSIAD), situation presque inédite post Conseil municipal.

Tout d’abord, il faut préciser également que l’intervention sur ce sujet durant le Conseil municipal du 19 octobre 2021 était au nom de 3 Groupes politiques (Valenciennes Citoyenne, Valenciennes Verte et Solidaire, et Valenciennes, c’est vous). On note également l’absence d’intervention, durant ledit Conseil municipal, sur cette thématique du Groupe Rassemblement National à l’heure où Marine Le Pen ne lâche rien sur le volet social dans sa campagne présidentielle, surprenant à plus d’un titre.

Remontons un peu les pendules du temps social, le CCAS de Valenciennes a, entre autres, deux services de proximité sociale à destination des familles, le SAD (Service d’Aide à Domicile) et le SSIAD pour les soins infirmiers à domicile. Deux services dont la longévité au long cours n’a jamais fait débat, mais se voient montrer du doigt à la fois à travers un audit négatif, mais aussi par une souffrance présumée au sein de ces services publics.

Une réunion d’informations…

Sur la forme, la décision de supprimer deux services et par capillarité 49 emplois dédiés, 27 titulaires et 22 contractuels, intervient comme un missile. En effet, elle n’est pas consécutive à une délibération unilatérale du Conseil municipal, Nathalie Lorette confirme « nous avons parlé de ce sujet au Conseil d’administration du CCAS dont je suis membre, mais sans vote. Par contre, c’est dans la logique de la réduction de 582 000 euros du budget du CCAS par le maire de Valenciennes. C’est la politique du fait accompli ». Non, rien de tout cela, trop officiel, cette information précise était à l’occasion d’une réunion du service…, et encore avec pour objet dans la convocation « le maintien à domicile ». Pour sa part, Quentin Omont précise que « cette décision n’est pas passée non plus par la voie syndicale malgré 49 suppressions de postes en septembre 2022, les syndicats ont été informés uniquement à cette même réunion d’informations ».

Pour autant, durant le Conseil municipal, Laurent Degallaix a dévoilé un argumentaire très développé « service en souffrance »… « plus payé dans le privée »… « des opportunités au CHV », cette intervention est parfaitement relatée dans la Voix du Nord/édition Valenciennes et L’observateur du Valenciennois (deux articles à lire pour votre propre analyse).

Le Pôle Sénior en question

Luce Troadec ne décolère pas de ce passage en force, mais surtout sur la fin d’un service public en faveur des populations les plus fragiles : « Que reste-t-il de la Politique pour les Séniors, mis à part les Thés dansants (et les colis de fin d’année) ? Il livre au privée cette prestation dans un secteur d’activité très féminisé, très précarisé. C’est un choix politique et idéologique. L’argumentaire du maire est hallucinant ».

Sur le point de l’emploi, le service d’aide à la personne est effectivement en recherche de bras, il y a des offres pléthoriques en la matière dans le privée, mais leurs conditions de travail restent difficiles. « Au Centre Hospitalier de Valenciennes, les candidat.e.s auront les mêmes contraintes professionnelles », ajoute-t-elle.

« Il retourne la situation et se justifie en nous faisant croire que ce service est en souffrance. Nous sommes solidaires avec les agents municipaux concernés », s’insurge Quentin Omont.

Pour sa part, Nathalie Lorette pique à juste titre « cette première décision est surprenante pour le nouveau Conseiller départemental dans une institution consacrée à la Politique sociale pour l’essentiel (environ 70 à 80% du budget du Département) ! ».

Comme pour chaque Conseil municipal, Quentin Omont rappelle « des relations avec l’opposition dans une très mauvaise ambiance. Il n’hésite pas à couper le micro si nous voulons reprendre la parole suite à son intervention, car c’est le seul membre de la majorité qui s’exprime ».

Gestion municipale ou politique ?

Si la Chambre Régionale des Comptes indique que la municipalité maîtrise ses coûts municipaux, la suppression de ce service amène-t-elle une économie de bon aloi ? En effet, le Ministère de la Santé, comme les précédents depuis le début des années 2000, prône le maintien à domicile ; le coût d’une nuit à l’hôpital public ou privé est lunaire par rapport aux sommes engagées pour un maintien à domicile des personnes âgées, voire en situation de handicap, le plus longtemps possible.

Ensuite, au plus haut niveau de l’Etat, les engagés du 1er et 2ème rang durant le 1er confinement ont été portés aux nues comme « personnes essentielles ». Néanmoins, sur Valenciennes, Nathalie Lorette rappelle « que durant le 1er de confinement en 2020, les agents du CCAS étaient chez eux sans aucune directives ou actions à mener en faveur des populations en difficultés ».

Donc, ces personnes essentielles hier seraient devenues non essentielles pour la ville de Valenciennes en un clic, où plutôt suite à un audit avec de mauvais résultats ? La question est à quelle période fut-il entrepris exactement cet audit ? Si la consultation est intervenue durant la pandémie, le résultat est un peu biaisé de part et d’autre.

Même dans l’hypothèse, à vérifier, où les reclassements seraient effectués, les embauches dans le privé seraient réalisés, etc., ll est indéniable qu’un service public social disparaîtra en septembre 2022 au service des Séniors notamment. Quel type, quel profil concerne la nouvelle politique « Sénior » envisagée par la municipalité de Valenciennes ? Une commune n’est pas une entreprise lambda avec un souci de rentabilité, pas seulement une truelle et 4 murs, c’est d’abord et avant tout un collectif public, une humanité pour toutes et tous ses administrés, c’est l’essence même d’une collectivité locale… à l’unanimité !

Enfin, la lecture politique au coeur d’une année électorale électrique est incontournable, car le maire de Valenciennes ne fait pas dans la discrétion politique en terme d’affichage. Alors, diable, dans quelle case s’inscrit cette suppression d’un service public social municipal ? Serait-ce via son soutien indéfectible à Xavier Bertrand pour les Régionales, allant coller ses propres affiches, contre de facto le candidat de la majorité au pouvoir, sachant que le concours Lépine de la suppression de fonctionnaires va commencer durant la Primaire, fermée, du Parti Les Républicains. Peut-être aussi dans sa nouvelle maison politique lancée par Edouard Philippe dans le giron de l’exécutif, mais avec un véritable souci de l’endettement public affiché. Ou encore dans la case Macroniste dont le chéquier social est grand ouvert en pleine campagne présidentielle, voire tout simplement une mesure politique de gestion communale. A l’heure où les masques tombent et les programmes s’assument, cette décision est un choix politique ultra-libérale de droite, loin de la filiation d’hier de Jean-Louis Borloo. Ça, c’est un acte politique fort aux prémices d’une année électorale intense ! Est-ce le nouvel «Horizons» du maire de Valenciennes ?

Daniel Carlier

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