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Les sorcières de Valenciennes

Ce lundi 4 juillet, sur la place d’Armes à Valenciennes, c’est une manifestation poignante qui marquera à coup sûr les esprits. L’association Nous toutes 59 Valenciennes, représentée par Betty Rygielski, est venue interpeller sur la révocation par la cour suprême des Etats-Unis du droit d’avorter dans tout le pays. Une trentaine de femmes, de tout âge, avec chapeaux de sorcières, cintres et pancartes ont incarnées pendant une trentaine de minutes, la sororité mais surtout le droit de toutes les femmes à avoir le droit de disposer de leur corps.

« Les droits ne sont jamais acquis, vous devrez rester vigilante votre vie durant », c’est par cette phrase de Simone de Beauvoir que Betty Rygielski a introduit son discours pour toutes les personnes venues manifester leur soutien à la cause de l’avortement.

Si cette avocate des affaires familiales offre un visage lumineux pour accueillir les âmes bienveillantes venues rejoindre la manifestation, elle sait aussi incarner la gravité de la situation. Dans une mise en scène clairement inspirée de la dystopie « La servante écarlate », un cœur de femmes, en silence, ont laissé la foule se recueillir sur un fond musical, autour d’un brasero.

« Lorsque nous luttons chaque jour pour que le principe d’égalité femme homme devienne une réalité, nous savons que les freins pour y parvenir sont nombreux. Nous savons que la liberté de disposer de notre corps est belle… sur le papier mais que chaque jour, dans la rue, au travail, à l’école et ailleurs, on nous rappelle que notre corps ne nous appartient pas, en tout cas, pas vraiment ». Le 24 juin, la Cour suprême a rappelé aux américaines qu’elles n’avaient pas le droit de décider d’avoir ou non un enfant que chaque état pouvait librement décider d’interdire l’avortement. C’est une atteinte gravissime à la liberté fondamentale de disposer de son corps.

« Nous sommes aujourd’hui là pour dire notre révolte, une révolte silencieuse, face à cette injustice, car cette décision n’empêchera pas l’avortement, elle le rendra juste illégal, insécurisant, médicalement non contrôlé, réservé à celles qui en ont les moyens. » Betty Rygielski a rappelé qu’au XXIe siècle, dans le monde, toutes les 9 minutes, une femme meurt d’un avortement clandestin.

Historiquement, ces avortements, étaient réalisés par des « sorcières » qu’on a chassées, brûlées… Alors qu’elles étaient des guérisseuses et qu’elles aidaient les femmes enceintes à accoucher également. La plupart des femmes au XVIe siècle, ne disposaient pas de leurs corps. Elles servaient à enfanter, et à servir. Et elles mourraient régulièrement des suites d’un avortement clandestin.

« Les régressions de nos droits sont parfois d’une telle ampleur qu’elles nous amènent à relire l’histoire à nous rappeler que ces souffrances infligées aux femmes et aux personnes LGBT sont directement en lien avec le système patriarcal et que nous devons le combattre pour espérer vivre dans un monde plus égalitaire et respectueux des humains et plus généralement du vivant ».

Après une ronde autour du feu, les femmes se sont éparpillées, presque évaporées, leur message étant, on l’espère, passé.  Betty Rygielski est venu personnellement remercier les personnes d’être venues. Profondément touché par le monde venu se recueillir, elle ne s’arrêtera pas là :  « Aujourd’hui, nous pouvons en France, réagir et rendre constitutionnel le droit à l’avortement et à l’accès à la contraception.  C’est ce que nous réclamerons ».

Jane Huvelle

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