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De la verticalité du pouvoir naît la discorde à Valenciennes et ailleurs

A Valenciennes, la déferlante médiatique consécutive au choix potentiel, et abandonné, d’une fermeture partielle des salles de sport pour raison d’économie budgétaire, face à la hausse exponentielle du coût de l’énergie, amène sur la table une réflexion de fond sur une démocratie locale. En résumé, en France, comment mieux contrôler un maire appuyant sur le bouton rouge sociétal ? (Visuel Télé-Matin sur France 2, samedi).

Laurent Degallaix évoquait dans les JT « la démocratie participative en direct », sauf qu’elle devrait passer par des réunions publiques préalables, des concertations avec le corps pédagogique et les gouvernances des établissements scolaires en amont, des consultations en ligne, un débat au sein du Conseil municipal, mais pas un passage en catimini durant des semaines, puis en force au final afin de faire passer « crème » si les remous locaux ne sont pas trop forts, car soyons honnête l’arrivée de la cavalerie nationale médiatique a permis, outre la mobilisation de la population tant cette hypothèse paraissait improbable, de faire changer d’avis l’édile de Valenciennes. Soyons humble, malgré des fuites de toutes parts sur ce sujet, de nombreux observateurs soi-disant éclairés (dont je fais partie) pensaient, à tort, qu’il ne peut pas faire cela, car à un moment donné un.e proche collaborateur (avec des enfants), voire un élu.e de sa majorité (avec des enfants), lui dirait – Là, Laurent tu fais fausse route -, mais personne in fine !

C’est pourquoi, cet incident majeur nous amène à réfléchir sur nos instituons locales. Certes, la loi du 27 décembre 2019 « Engagement et Proximité » fut d’un excellent cru en protégeant l’intégrité des élus de tout niveau, en facilitant les modalités de vote même si une réforme de fond plus ambitieuse serait nécéssaire ; pour autant, il faut aller plus loin.

Clairement, la simple idée de fermer la pratique sportive en milieu fermé durant 6 mois ne devrait pas être possible sans garde-fou local. Je m’explique ! En comparant des décisions du même acabit tant le coût du lien social, financier sur les conséquences psychologiques chez l’enfant, scolaires, vie familiale, eut été dramatique pour les familles valenciennoises si Laurent Degallaix avait engagé son projet ; un maire, où qu’il soit en France, ne devrait pas pouvoir appliquer un prix d’une cantine scolaire à 20 euros, un PV pour dépassement d’horaire de 250 euros, une entrée au musée local pour 100 euros… Oui, un contre pouvoir devrait s’exercer avec un triple cliquet.

Trois voies pour dire NON !

Tout d’abord, au sein d’un Conseil municipal, une initiative franchissant tous les canons du bon sens civique devrait recueillir l’unanimité, et à l’exclusion de tout autre validation, dans la majorité municipale du maire élu.e par ses pairs. Pour arriver à bonne fin, ce champ du possible impose le retrait, du pouvoir discrétionnaire  de l’édile, de la suppression d’une délégation municipale, d’adjoint ou de conseiller délégué. En effet, cet arme atomique est dissuasive pour un avis contraire au sein de la majorité élue, c’est humain ! En l’espèce, comment l’adjointe en charge de la vie éducative à la ville de Valenciennes n’a pas alerté le locataire du fauteuil majoral sur cette incongruité ? Plus globalement, c’est cette explication, pourtant très basique, qui régit toutes les gouvernances locales en France. En effet, ce simple échange de bon aloi, d’adjoint au maire de la ville, ne peut même pas s’exercer lorsqu’il franchit toutes les lignes du service public de proximité à ses administrés au détriment d’une pensée première pour les familles de sa commune !

Ensuite, puisque nous avons un Conseil constitutionnel garant de la constitutionnalité des lois ; pourquoi un canevas du législateur ne serait-il pas au dessus de toutes les décisions d’un maire en fonction. Une sorte de bouclier institutionnel de proximité, une charte des droits du citoyen local, afin d’éviter qu’un maire ne s’engage dans une voie impensable, car le contrôle de légalité du Préfet ou d’un Sous-Préfet peut-il s’exercer concernant ce type de décision sous couvert budgétaire ???

Et enfin, malheureusement le référendum d’initiative locale est beaucoup trop long à mettre en oeuvre, il faudrait un mécanisme de votation citoyenne rapide comme rempart face à une décision franchissant le Rubicon du bon sens civique !

Un rappel à l’ordre républicain

Evidemment, la gestion d’une commune en 2022 n’a rien à voir avec celle du XXème siècle, tant l’aspect normatif est complexe, mais nous pourrions dire qu’elle est très différente depuis une petite dizaine d’années. Aujourd’hui, le taux d’abstention oblige les pouvoirs locaux à une meilleure démocratie participative, pas de cette manière de toute évidence, afin de répondre à un besoin impérieux d’une proximité élu/citoyen.

Gageons que cette aventure locale fasse réfléchir tous les élu.e.s sur le territoire, et au delà, tant la mobilisation des Valenciennois aurait pris un aspect « himalayesque » sur la cité ne venant pas, des râleurs habituels, des négatifs permanents, voire des opposants politiques, mais de 95% du coeur battant de la population où à la simple lecture d’un journal papier ou numérique, d’un téléspectateur du JT télévisé, d’un auditeur d’une onde radio, débouchait invariablement sur un terme peu élogieux même chez les très grands fans du premier édile de Valenciennes, c’est dire le décalage !

Allez, un peu d’humour pour esquisser un sourire, Laurent Degallaix est sans doute un adepte de Winston Churchill où au détour d’une question d’un journaliste lui demandant le secret de sa forme, sa réponse fut légendaire… « No Sport ».

Daniel Carlier

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