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Mayotte, cette inconnue casse-tête pour le Gouvernement français

Depuis la mission lancée par le Ministère de l’intérieur pour la destruction des plus grands bidonvilles de France, cette île au coeur de l’Ocean indien, cette île confetti à l’origine comorienne, est sur le devant de la scène avec des présentations assez réductrices sur la vie locale, mais réalistes sur l’insécurité totale pour les insulaires. Découvrez des aspects que vous ne lirez peut-être pas ailleurs, focus sur l’association « Les Enfants de la Lune », un peu d’histoire, les Chatouilleuses, la polygamie, le plastique à Mayotte, etc., pour mieux comprendre cette insularité si troublante à plus d’un titre ( la fameuse barge entre Grande Terre et Petite Terre sur Mayotte)

Focus sur les « Enfants de la Lune » spécifique au Comores et à Mayotte

Un XP, deux lettres symbolisant une maladie congénitale génétique rare, la Xeroderma Pigmentosum ! Deux consonnes qui changent toute la vie d’un enfant dès sa naissance avec l’apparition quasi immédiate de la photophobie (ne pas supporter la lumière). Sur Mayotte, une association depuis 2003 oeuvre au quotidien pour protéger ces enfants, une urgence au quotidien !

Il existe au maximum 40 à 60 cas en métropole sur 66,9 millions d’habitants (presque tous d’origines maghrébines) et quasi la même proportion sur l’île aux parfums et ses 250 000 habitants… En effet, Mayotte et les autres îles des Comores sont un foyer particulièrement important comme au Maghreb, au Japon voire au Moyen-Orient. Le système ADN de ces enfants ne fonctionne pas ou très peu et la conséquence est une hyper sensibilité aux rayons ultraviolets .

Pigmentation ultra développée, photophobie…ce sont les deux symptômes de cette maladie se transformant en handicap rare. Les problèmes ophtalmiques sont la conséquence directe et les enfants sont souvent mal voyants suite à une exposition au soleil trop intensive. En résumé, le capital soleil dont nous disposons tous est quasi nul pour cette population.

En 2002, le responsable du service de pédiatrie du CHM de Mamoudzou prend conscience qu’il faut apporter une aide à ces jeunes atteint de l’ XP. Dès l’année suivante, l’association   » Les Enfants de la Lune  » voyait le jour sous la forme d’actions préventives et informative dans les familles mahoraises !

Ce n’est qu’en 2006 que la mission actuelle prend forme. En effet, depuis cette date, l’association s’est structurée pour accueillir des enfants toute la journée. Le rôle de cette association est vaste car il couvre le médical, le social car plus la famille est démunie, plus l’enfant est exposé et enfin la prévention que l’on peut qualifier de Guidance Parentale. Une salle de classe appartenant au vice-rectorat est dans nos locaux. Nous accueillons chaque jour neuf enfants en scolarisation pour 14 inscrits. Il y a  parfois des soucis pour les familles, déplacement, mais de la peur également, il faut de la pédagogie .

Une institutrice vient le matin, délégué par le rectorat, vient chaque matin  pour assurer l’école dans des conditions difficiles puisque les enfants ont un écart d’âge important. Néanmoins, c’est un pas énorme vers les autres lorsqu’on reçoit une éducation.

Ensuite, la journée s’articule autour d’ateliers divers, pâte à modeler, informatique, sortie en extérieure armée lunettes protectrices, voire des sorties à la piscine… après 18H30 bien sûr ! Ce sujet est sorti un peu de l’ombre médiatique avec un excellent reportage sur Franceinfo :  https://la1ere.francetvinfo.fr/mayotte/le-combat-quotidien-des-enfants-de-la-lune-de-l-archipel-des-comores-877020.html

Les  » Enfants de la Lune  » ont un coeur rempli du soleil qu’ils ne verront jamais dehors !

Un peu d’histoire sur l’île aux parfums, l’île hippocampe,… que de surnoms pour ce territoire de l’Océan indien héritée de Napoléon III.

Les premiers habitants de Mayotte arrivent directement d’Afrique de l’Est vers le 9ème siècle puis les Malgaches viennent en force vers le 15ème siècle jusqu’au 18ème siècle. Une ère marquée par les  » Sultants Batailleurs » et c’est l’un d’entre eux, le sultant Andriansouly, qui vend à la France l’île de Mayotte contre une rente et une protection militaire. Sous Napoléon, suite à la perte de l’île de France, ancien nom de l’île Maurice, les stratèges militaires pensent que Mayotte constitue un abri maritime de qualité. Deux siècles plus tard, même si les objectifs militaires sont différents, la France garde le même cap. Quand on vous dit que le nom Napoléon, le 1er comme le 3ème, a laissé une trace indélébile dans toute l’administration civile et militaire de la France, c’est un euphémisme !

C’est donc en 1841 que l’île aux parfums devient française  soit avant Nice, la Savoie ou Belfort…. Puis en 1886, les 4 îles des Comores, dont Mayotte, indissociable de ses trois soeurs comoriennes, Anjouan, la Grande Comores et Mohéli, sont sous le joug d’un protectorat français.

La femme au premier rang, une société matriarcale

Ensuite, dans les années 60/70, une véritable lame de fond indépendantiste souffle sur les Comores qui veulent leur indépendance. Sauf que Mayotte ne veut pas et c’est l’épisode des « Chatouilleuses » dont la figure emblématique fut Zaïna Meresse. Accompagnée de ses amies, elles avaient une arme : la chatouille ; un politique comorien venu en mission de propagande indépendantiste est reparti « chatouillé » au point de ne pouvoir s’acquitter de sa mission. Par cette action d’éclat, la femme a prise toute sa dimension dans la société mahoraise. Il en résulte que sur Mayotte s’est construit une société matrilinéaire (lignée de la femme qui prévaut) et matriarcale (la femme est la titulaire du logement si l’on peut dire). Ces paramètres expliquent  que ce territoire, musulman à 95 %, est doté d’un Islam très doux, très souple et assez tolérant car la femme dirige la famille. Une tranche d’histoire qui peut faire sourire aux premiers abords mais qui force le respect à la lecture des conséquences politiques et sociétales sur l’île aux parfums. Toutefois, le père conserve une autorité importante dans l’éducation des enfants, dans l’accès à l’école, le choix du mari etc. mais les choses évoluent à vitesse grand V.

En 29 Mars 2009, les Mahorais sont appelés aux urnes pour décider de l’évolution statutaire de leur île. Le oui l’emporte et la départementalisation arrive au galop. Depuis la départementalisation, la métropole ouvre les yeux et constate les plaies sociales béantes. Trop longtemps ignorée, les médias métropolitains découvrent la misère sociale comme on ne peut l’imaginer dans un pays dit « développé », mais elle n’est pas arrivée hier cette précarité. En avril 2010, ce territoire d’Outre-mer passe, après un chaos institutionnel, au statut du 101ème département français, mais le problème était que la population attendait dès 2010 tous les minimas sociaux , mais cette attente ne fut satisfaite que crescendo d’où une immense déception dans une population où la précarité est insupportable. Par contre, les taxes qui n’existaient pas sur Mayotte, comme la Taxe d’habitation, la taxe foncière… sont arrivées.

Polygame officiel jusqu’en 2010…

Comme un pont entre deux rives, la langue maternelle est le Shimaoré et le Kibushi sur Mayotte dans les anciennes générations. Bien sûr, cette île d’une incroyable jeunesse commence à zapper ce langage du passé, et en même temps, il se tourne vers la Métropole qui a oublié ces français à part entière depuis tant et tant d’années !!!

Pour souligner l’écart entre deux mondes, on peut noter que le Mahorais était légalement polygame et même il pouvait, jusqu’à la déclaration d’impôts 2009, déclaré plusieurs foyers fiscaux, avec les charges et déductions à la clé. Ce n’est que sur la feuille d’impôt de 2010 que le contribuable Mahorais n’a pu déclarer qu’un seul foyer fiscal comme partout ailleurs dans les départements français.

Néanmoins, les traditions chez les anciens sont très ancrées avec un contournement de l’interdiction de polygamie en France en se rendant sur Mada, surnom de Madagascar, afin de valider les autres mariages, mais la jeunesse très majoritaire sur Mayotte conteste ces vieilles pratiques !

Un avenir espéré… sans plastiques !

A l’heure où une réunion mondiale intervient à Paris, ce lundi 29 mai, sur l’avenir du plastique sur la planète, il faut souligner que ce sujet ne date pas d’hier. En effet, la première initiative mondiale d’une interdiction de l’usage du plastique nous vient de l’Australie dès 2003, mais passer sous silence totalement l’île de Mayotte a interdit les sacs plastiques afin de protéger l’incroyable beauté de son lagon depuis le 01 juillet 2016. Cette décision était précédée d’une décision en 2004, votée par les élus de Mayotte, suite à l’initiative australienne, mais cette dernière n’avait pas de contenant de substitution sur un territoire où le revenu par habitant est 8 fois inférieur à la Métropole. Ce fut un échec patent, il a donc fallu attendre le 01 juillet 2016 pour une mise en oeuvre réelle (rappel les interdictions en France https://www.economie.gouv.fr/cedef/interdiction-plastique-usage-unique#:~:text=Les%20plastiques%20interdits%20au%201er%20janvier%202022&text=la%20production%20d’emballages%20ou,1318%20du%208%20octobre%202021)

Voilà quelques traits pour mieux comprendre l’inaudible pour les hexagonaux, mais que les MZUNGUS (nom des habitants de Métropole sur Mayotte) vivent au quotidien.

Daniel Carlier

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