Marly, le virage de l’investissement !
Trois ans, c’est beaucoup et si peu lorsque votre début de mandat est empêché avec une pandémie, puis un démarrage d’une inflation tous azimuts, et enfin une guerre en Europe. Pour autant, à Marly, nous sommes dans le cas d’un changement de majorité politique avec une volonté assumée de changer le paradigme financier de cette collectivité locale, tout commençait par là.

Jean-Noël Verfaillie : « Se donner les moyens de nos envies ! »
Le rapport de la Chambre régionale des Comptes en décembre 2019, peu avant le décès du regretté Fabien Thiémé, était sans équivoque, factuel, sans ambiguïtés sur deux volets principaux, l’absence chronique de marge d’autofinancement de cette commune et un sureffectif avec un taux d’absentéisme préoccupant. « La CRC a clairement démontré que cette commune était sur une trajectoire financière dangereuse. Nous devions agir sur un rééquilibrage financier entre le fonctionnement et l’investissement ! Le budget de fonctionnement, notamment avec près de 70% de masse salariale, annihilait toute capacité de la commune à investir. Plus simplement, juste se donner les moyens de nos envies », commente Jean-Noël Verfaillie.
La traduction est simple et lisible en terme d’effectifs, la ville de Marly « est passée d’environ 300 agents à 200 agents. Il y avait 80 femmes de ménages, plus des prestataires extérieures à notre arrivée. Enfin, nous avons embauché un encadrement faisant défaut dans de nombreux services », poursuit l’édile de la commune.
Vous secouez le tout avec une gestion en mode cost/killer et vous récupérez de la marge financière pour investir là où il est nécessaire.
Place Gabriel Péri, on chamboule tout !
Le maire est sans faux fuyant sur le sujet, la rénovation de la Place Gabriel Péri est « le motif principal pour déclencher la rénovation de l’Avenue Barbusse. Ensuite, j’avais l’accord du Président de Valenciennes Métropole avant les élections pour la prise en charge communautaire de l’Avenue Barbusse. Ce projet global, c’est d’abord la Place Gabriel Péri », précise-t-il. Dans les faits, si ce boulevard très fréquenté est revisité de fond en combles, il n’est pas révolutionnaire non plus, la voiture sur toujours la reine… ! Par contre, la Place Gabriel Péri sortira de ce vide sidéral d’un espace minéral, parcheminée de voitures, sans âme et indigne d’un coeur de cité.
Le chantier publique serait dans les clous du calendrier avec plusieurs équipes de l’entreprise Jean Lefebvre sur le terrain. Les deux chantiers concomitants devraient quasi finaliser leur mutation au 1er semestre 2024. Les poches de parking sont livrées dans les délais assez larges, les bascules en demi-chaussée sont actées, les aménagements au jour le jour assurés par l’entreprise, la commission d’indemnisation de la quinzaine de commerçants et artisans sur l’axe central est validée, la gestion de l’eau sur la Place Gabriel Péri prévue avec des bassines afin de capter les eaux de pluie, tout semble se dérouler sans accrocs… sauf que !
Une DUP pourrait débloquer la situation ?
Tout se déroulerait sans anicroches si la promotion privée n’était pas bloquée. A ce stade, le cafetier à l’angle de l’Avenue Barbusse et la Place Gabriel Péri n’ont pas trouvé un accord financier sur le montant de l’indemnité d’éviction. « J’ai essayé de jouer le rôle de médiateur. Certes, il y a eu un rapprochement, mais pas suffisant. C’est pourquoi, je passe durant le Conseil municipal du 10 octobre une proposition de DUP afin que le juge administratif tranche le sujet », explique le premier magistrat.
En effet, cette absence d’accord bloque tout le projet et notamment 80 places à destination des personnes âgées en R+1 et 2, surtout « avec une accessibilité sociale permettant une rotation dans la ville », poursuit le maire. Dans ce cadre, la création d’une cellule commerciale au rez-de-chaussée est le point de départ de ce projet privée.
Clairement, le sujet est délicat, mais les initiés savent que le magistrat n’est pas un expert financier et comptable. Il va de fait faire appel à un homme de l’art et il n’est pas certain que le calcul soit favorable au professionnel de proximité. Le pire est que la loi n’a pas de référence plantée sur le sujet. « Aucun texte ne fixe, ni ne définit précisément les modalités de calcul de l’indemnité d’éviction due au locataire », explique les avocats spécialisés. Donc, les experts se basent sur plusieurs critères, valeur vénale du fonds de commerce, frais de licenciement, frais connexes, réinstallation potentielle en lien avec la dimension du site précédent, bref une kyrielle de données subjectives, et donc rien à voir avec une estimation des domaines sur un espace foncier, avec un prix clair imposé par le juge administratif. En résumé, la justice basée uniquement sur les jurisprudences est extrêmement aléatoire, voire différente de Toulon à Dunkerque.
La Briquette pour un nouveau départ
Rendons justice au faiseur initial, car l’ancien maire de Marly, Fabien Thiémé, a initié cette ANRU 2, ou plutôt NPNRU, après un raté historique de l’ANRU 1 par Philippe Duée, battu en 2008 par le candidat communiste.
Pour sa part, la nouvelle majorité « a modifié la programmation avec le déplacement du lieu de l’école » pour aujourd’hui fusionner deux écoles existantes sur l’ancien site de Paul Vaillant Couturier, la fameuse école dans les arbres.
Cette modification a laissé libre le site initialement prévu et récupéré par la réalisation du BTP/CFA. « Le Directeur souhaitait construire un nouvel équipement, un site proche d’un transport en commun ou il chercherait dans une autre ville. Très vite, nous lui avons proposé cet espace foncier, de nouveau disponible, et financé à hauteur de 50% par la région Hauts-de-France, mais c’est une structure privée », indique le maire. L’enveloppe financière nécessaire s’élève à 22 million d’euros.
En filigrane, la volonté de mixité sociale au sein de ce quartier est affichée par la majorité municipale. « A défaut, nous aurons au moins une mixité d’usage avec un brassage de jeunes », poursuit le maire.
Pour ces deux projets majeurs, outre les logements et les aménagements de voiries associées, le Groupe scolaire comme le CFA/BTP devraient accueillir des apprenants à la rentrée 2025, car « même si l’école est achevée avant, il est toujours compliqué de réaliser un transfert en cours d’année scolaire », ajoute-t-il.
Les voiries
Les voiries comme dans de nombreuses communes du Valenciennois sont dans un état de dégradation avancée. Dans cette optique, le PPI (Plan Pluriannuel d’Investissement) propose une refonte en profondeur de Saultain à Valenciennes avec une piste cyclable. Déjà lancée l’Avenue Barbusse sur 650 mètres sera transformée (par Valenciennes Métropole) et la rue Oscar Carpentier, puis la rue du 19 mars 1962 très prochainement, la rue Schweitzer déjà achevée, sans oublier les voiries de la zone des Dix Muids.
Les caméras
A ce stade, 139 caméras sont installées sur la commune où dorénavant la Police Nationale pourra utiliser ces images précieuses grâce au CSU (Centre de Surveillance Urbain). « Nous sommes passés de 4 argents dans la Police municipale à 8 armés depuis deux ans (avec la formation à la clé) », commente le maire.
La culture
C’est le point du programme où une salle culturelle était prévue, mais « nous ne pourrons pas sous cette mandature la réaliser compte tenu des différentes crises » connues depuis mars 2020. Dans les chantiers principaux, la Maison des Associations change de peau. Une Médiathèque a été installée au sein de la MDA, quelques associations permanentes, mais surtout des boîtes aux lettres gratuites, avec « la possibilité de bénéficier à la demande de salles pour des réunions… L’objectif est une infrastructure utile toute la journée », mentionne l’édile.
A plus long terme
Bien sûr, le parc urbain demeure le grand projet de Marly, sur une étendue de 7 fois comme le jardin de la Rhônelle, cet espace vert s’annonce comme un lien interquartier étonnant.
Enfin, le dossier administratif d’un nouveau Groupe scolaire regroupant l’école Hurez et Marie-Curie pourrait être bouclé d’ici la fin mandat. Charge au prochain locataire du fauteuil majoral de porter le projet opérationnel.
Pour conclure, on ne peut écarter le sujet de discorde entre Valenciennes Métropole et la commune de Marly sur l’arrivée d’un centre pénitentiaire sur Saint-Saulve. Malgré les propos du président de la CAVM sur un projet du « Grand Cavin » revu et corrigé, Jean-Noël Verfaillie reste très très septique : « On verra, mais le projet Grand Cavin était un outil de développement pour la commune et de rééquilibrage social. En tout état de cause, un PLH (Plan Local Habitat) indiquant 250 logements privés nouveaux sur Marly n’est pas possible, je n’arrive même pas à attirer un seul projet collectif privé de logements ».
Daniel Carlier