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(50 ans Classes prépas) Les Walloniens fêtent leur anniversaire

Samedi 20 janvier le hall du Lycée Wallon était copieusement garni. C’était les retrouvailles entre les élèves des classes prépas, leurs professeurs et les proviseurs. Ils ont célébré le 50e anniversaire des classes préparatoires, ouvertes par André Lasserez. Retour sur l’histoire de ces classes mais aussi sur le parcours des élèves qui n’oublient pas leur passage à Valenciennes et évoquent leurs souvenirs.

Les proviseurs

C’est Thierry Claisse, l’actuel proviseur, qui prend la parole en premier. « Merci de votre présence, vous allez pouvoir partager vos souvenirs. Nous dispensons l’entraînement le plus poussé pour que les élèves soient prêts le jour J ». L’objectif est la réussite de chaque élève en s’appuyant sur les valeurs « d’entraide, d’esprit d’équipe et l’envie de se dépasser ». Il conclut avec ferveur, « Wallon est unique, Wallon c’est une passion, nous sommes un grand lycée ».

Georges Cachera, parti à la retraite en 1997, est ému, sa voix tremble « vous ne pouvez pas imaginer ce que représente ce lycée pour moi ». L’ancien proviseur rappelle que Jean-Louis Borloo s’est battu pour garder les classes prépas. Il livre des anecdotes, celle de 13 élèves qui intègrent X et Normal Sup, « je me suis payé dans mon bureau des orgasmes intellectuels supérieurs. L’Etat me paie mal mais les élèves me paient de tout ce que j’ai fait pour eux ». Il n’oublie pas de rendre «  hommage au travail des enseignants ».

Jean-Philippe Delcourt, professeur et membre de l’association « Prépa Wallon » rappelle que les « classes prépas sont atypiques. Il fait bon y vivre Les relations sont cordiales. Les barbecues chez les professeurs sont devenus une tradition, le tournoi de foot et le cross aussi. Chez nous les étudiants bossent dans la bonne humeur. L’ambiance c’est ce qui fait la force des classes prépas, tout comme l’accompagnement de tous les élèves. Avec nos petites prépas de province, nous avons eu nos Polytechniciens et Normaliens ».

M. Basuyau, Président des anciens élèves du lycée Wallon, a incité les personnes présentes à rejoindre son association.

La visite

Une fois les discours officiels finis, place à la visite. Rencontre avec Jean et Pierre qui ont accepté d’ouvrir leur chambre d’internes. « L’internat du 21ème siècle avec des chambres individuelles », précise Thierry Claisse. Jean vient de Lille et vise Centrale et Mines Ponts. Le douaisien Pierre « vise le plus haut possible. L’internat évite la perte de temps dans les transports, c’est plus pratique. Nous rentrons vite et nous travaillons. Financièrement c’est accessible ». Tous deux soulignent la « bonne ambiance ».
Il y a des rires autour des expositions photos. Le secrétariat du lycée a effectué un travail d’archives en exposant les photos des différentes promos, les élèves se replongent quelques années en arrière.

Direction le labo avec le professeur de physique M. Morvan : « c’est le nouvel espace depuis la rentrée, un vrai labo, un bel outil de travail. Tout est neuf, informatisé. Les élèves qui visitent le nouveau labo ont envie de refaire leur TP mais ils sont aussi nostalgiques de l’ancien labo. En tout cas ils sont revenus et sont contents de nous revoir ».

Les témoignages

A l’écart de l’agitation, Perrine allaite sa fille Louise. La jeune mère était en classe prépa, « je suis Audomaroise. Wallon c’était le lycée le plus loin de chez moi mais je n’ai pas hésité, je m’y suis sentie bien tout de suite, j’étais à l’aise. J’étais en PSI (physique et sciences de l’ingénieur), la classe où il n’y a pas de fille » dit-elle en souriant. « J’y suis restée 3 ans, j’ai quitté Wallon en 2009 et j’y ai rencontré mon mari. Mes meilleurs amis sont ceux de prépa. C’était dur nous avons travaillé mais j’en garde un bon souvenir ». Ingénieur travaux, Perrine est Directrice du programme immobilier chez Proderim et « ça se passe bien ».

Martin, l’époux de Perrine, est originaire de la métropole lilloise, « il y avait Faidherbe ou Wallon. Lors de la journée portes ouvertes à Faidherbe, ça ne donnait pas envie, c’était trop élitiste. J’avais entendu parler de Wallon par des camarades, j’ai eu un bon feeling ici. Ça m’a touché que Jean-Philippe Delcourt parle du traîneau du père Noël que j’avais fait dans la classe. Je le déplaçais avec du fil de pêche pour apporter les craies ». Enseignant chercheur à Supméca à Saint-Ouen, il est aussi Dr en sciences de l’ingénieur.

Le jeune homme raconte avec amusement, « notre professeur est persuadé d’être le premier à avoir décelé quelque chose entre nous, ça fait partie de notre histoire. Quand nous nous sommes mariés, nous avons invités nos profs, ils font partie de la famille. Wallon c’est vraiment une famille, c’est pour ça que nous sommes venus aujourd’hui, ça fait du bien. Nous voulions aussi présenter notre fille ».

Jean-Philippe Delcourt écoute attentivement ses élèves et veut aussi partager son ressenti. « Je me souviens, Perrine était en difficulté. Je l’interroge en juin, elle était en perdition. Dans ce cas là, je m’adapte, le but est d’essayer de remonter, je donne un exercice différent pour lui prouver qu’elle est capable ». Perrine ne peut retenir ses larmes, le souvenir est vif, « j’étais première au lycée…la prépa c’est dur, je voulais partir ». Le professeur parvient à lui remonter le moral, « je l’ai toujours encouragée avec mes collègues. Parfois le moral est bas, c’est logique ». Perrine se souvient, « j’ai eu un énorme déclic. Quand il distribuait les copies, il faisait toujours un commentaire, ne te décourage pas ou le travail va finir par payer ou encore il faut y croire ». Le professeur veille à la réussite de chacun de ses élèves, « il y a un tel panel d’écoles qu’il y en a forcément une qui lui correspond. Perrine a intégré l’ESTP qui lui convenait parfaitement. Notre but est de rendre heureux nos élèves ».

Au sujet de Perrine et Martin, il reconnaît que « c’est émouvant, c’est un couple singulier, ils se sont connus dans la classe. C’est une satisfaction quand les élèves réussissent et sont heureux ». Cette osmose entre professeurs et élèves est palpable. « Les élèves ont inventé la journée Jean-Phi, ils s’habillent en sang et or, chantent les corons, c’est extraordinaire », précise celui dont les racines sont lensoises. Le mot de la fin n’est pas une révélation tant c’est palpable « mes élèves je les aime », il marque un temps d’arrêt « je pense qu’eux aussi ».

 Ateliers vidéos

Christelle Duquesnoy , élève au lycée Wallon de 1987 à 1990, enseigne depuis 1994 en prépa à Wallon évidemment. « Je crois en l’école, j’ai eu des professeurs bienveillants. J’étais stressée, angoissée, les professeurs m’ont aidée. J’ai envie d’offrir aux générations futures ce qu’on m’a offert. La prépa ouvre toutes les voies, chaque élève trouve la sienne ». La prof recueille le témoignage d’anciens élèves (voir le site du lycée) et s’enthousiasme du chemin qu’ils ont parcouru. Vincent adresse un message aux futurs walloniens, « vous trouverez votre voie. A l’international, les écoles ne sont pas connues, ce qui compte c’est votre personnalité ». Pour Joris, « le plus important c’est de se donner à fond pour ne pas avoir de regrets. Les années pour préparer les concours sont difficiles mais je n’en garde que de bons souvenirs, la bonne ambiance, l’émulation entre les élèves, l’esprit de compétition mais pas exacerbé. Quel que soit notre niveau, tout le monde y trouve son compte ». Enfin Rémy, qui travaille désormais à Bruxelles, « avait envie de revenir pour le cinquantenaire. Je n’aurais pas forcément fait le déplacement pour mon école d’ingénieurs Supélec. Là je revois mes amis et les professeurs avec qui nous avions des relations amicales ».

Le lycée Wallon n’a pas besoin de faire de promotion. Avec de tels témoignages, quels sont les élèves qui hésiteront à intégrer les classes prépas ?

Anne Seigner

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