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Mathias Malzieu
Valenciennois

Dionysos et son vampire en pyjama, au Phénix, le 19 novembre.

On l’imagine arriver sur son skate-board, Mathias Malzieu, roulant sur la place du Phénix, chapeau gris empanaché d’un petit homme à tête de cœur nommé Heartman sur la tête, large sourire aux lèvres, une horloge à la place du cœur et grand Jack sur l’épaule…

Le Phénix sous perfusion Malzieu ce samedi 19 novembre

Allez on se réveille, le concert de Dionysos, le groupe de rock français, c’est samedi 19 novembre à 20h00 au Phénix. Au Phénix ! Celui qui renaît de ses cendres, un peu comme le foudroyant chanteur du groupe de rock Dionysos. Le hasard fait parfois très bien les choses. « Dionysos » signifie né deux fois. Car Mathias Malzieu, la plume et le leader du groupe, revient d’un long voyage au pays des transfusions sanguines. Atteint d’une maladie extrêmement rare, l’aplasie médullaire, il a passé de longs mois à l’hôpital, à lutter contre ce mal qui dévorait son système immunitaire. Il a survécu grâce notamment à des transfusions sanguines et une greffe de moelle osseuse. Il a écrit son journal, Journal d’un vampire en pyjama, et le groupe a composé la musique. Entre les lignes, les mots sont tissés comme le fil d’une araignée du ciel, qui relie les rêves et la réalité. Il écrit « je viens de traverser l’enfer en stop. Le véritable enfer. Pas celui avec du feu et des types à cornes qui écoutent du heavy métal, non, celui où tu ne sais plus si ta vie va continuer. »

Aller à un concert de Dionysos c’est accepter d’être transporté(e) dans un monde onirique.

Un véritable univers Dionysos. Un univers surréaliste. Le leader du groupe, qu’il a créé en 1993 à Valence, plus calme mais pas moins énergique, on le devine à son petit air mutin, se nourrit à l’énergie des notes de musique. La tribu Dionysos l’a épaulé durant sa « propre guerre des étoiles. Panne sèche de moelle osseuse. Bug biologique… », Élisabet Maistre alias Babet, Michaël Ponton alias Miky Biky, Éric Serra-Tosio alias Rico, Stéphan Bertholio alias Stephano. Vingt-trois années de groupe, quatre disques d’or. Les albums de Dionysos sont connectés aux livres de Mathias Malzieu. « Jack et la mécanique du cœur », film d’animation réalisé par Stéphane Berla et Mathias Malzieu, produit par Luc Besson, nommé aux Césars 2015 « meilleur film d’animation », est inspiré par le livre La mécanique du coeur de Malzieu et la musique du film entièrement composée par le groupe Dionysos. Le résultat : c’est tout simplement un peu plus d’un million de ventes dans le monde, et pour le film, un million d’entrées. Une pépite.

Sur le fil du temps de ce petit monsieur, branché sur 100 000 volts, on se souvient avec plaisir de Song for a Jedi, «quand j’étais petit j’étais un jedi », ou encore Tais-toi mon coeur, mais aussi les co-réalisations avec Olivia Ruiz, La femme chocolat, ou encore Cali pour son album de 2008, L’espoir, etc. Malzieu, c’est aussi l’inventeur du Bird’N’roll ! « Cette danse médicament, qui mélange des battements d’ailes d’oiseaux et rock’n’roll, et qui permet la production d’endorphines (l’hormone de plaisir) dans une proportion surnaturelle. »

Dans cet album, Vampire en pyjama, treize titres amorcés par des vers de Chanson d’été, inspirés de la Chanson d’automne de Verlaine…la suite est douloureuse certes, mais pas désespérée. Dionysos a sorti sa musique de combat. Si vous goûtez à la poésie Malzieu, c’est la dépendance assurée.

Le vampire en pyjama, histoire troublante, sensible, touchante, intimiste !

Qu’on l’écoute où qu’on le lise, Mathias Malzieu a un don, oui, il mélange les mots et les émotions au shaker Malzieu et en ressortent des images enfantines, tendres et poétiques, toutes bizarres mais si fortes que l’on embarque illico presto dans le monde magique des histoires. Un petit air pour aider à supporter les choses insupportables. On ne referme pas un de ses livres sans avoir été touché(e) en plein cœur, Maintenant qu’il fait toujours nuit sur toi, et ce Giant Jack inoubliable, émouvant roman autobiographique sur la mort de sa maman, un recueil de nouvelles, 38 mini-westers avec des fantômes. En 2007, avec La mécanique du cœur, le succès est au rendez-vous, puis Métamorphoses en bord de ciel, et le fameux Tom Cloudman, et Le plus petit baiser jamais recensé, L’Homme Volcan, conte pour iPad et iPhone qui a remporté le Prix du livre numérique en 2012.

 

facebook 380x425Dans Journal d’un vampire en pyjama, il raconte son histoire avec ces mots gonflés d’espoir et saupoudrés de sauce Malzieu, paru chez Albin Michel, et primé « Paroles et talents de patients », où il a inventé des personnages comme les « Nymphiermières » et « Dame Oclès ». «Ce livre est le vaisseau spécial que j’ai dû me confectionner pour survivre à ma propre guerre des étoiles. Panne sèche de moelle osseuse. Bug biologique, risque de crash imminent. Ce journal est un duel de western avec moi-même où je n’ai rien eu à inventer. Si ce n’est le moyen de plonger en apnée dans les profondeurs de mon cœur. » Le lecteur est aspiré, on y retrouve franchise et sincérité, pas de plainte pas de pathos. Ecrire pour puiser des forces. La poésie pour dédramatiser la vie. « Ma seule possibilité de résister, c’est d’écrire. L’urgence fait pousser des graines de livres en moi. Je les arrose toutes et m’applique à penser que je vais trouver mon haricot  magique pour crever le plafond de l’hôpital. »

 

Petite séquence nostalgie avec quelques étincelles littéraires : la pâte à bisous, les flocons dans le feu et l’incendie de flocons, les mini-westerns avec des fantômes, les ailes-pages, la princesse en pâte à crêpes, les rêves d’enfant, l’homme grenier, les Kinder, les fleurs et les livres dans les cimetières, les fantômes dans le grille-pain, le boulot de néo vampire, la fille qui disparaît quand on l’embrasse, la poésie comme dessert de l’esprit, l’horloge cœur, les chocolate books, les graines de livre, et Walt Whitman qui lui tient compagnie dans la salle d’attente du scanner et j’en passe…Délicieux. Oui monsieur Malzieu, vous êtes bien devenu un rêveur professionnel. Et parfois, nous, on a comme l’impression que la (science) fiction dépasse la réalité, non ?

Ce samedi, on y sera, on va se brancher à la planète Malzieu le temps d’une soirée, et puis qui sait, on le verra peut-être repartir, comme il est venu, l’homme poétique, en skate-board sur la place du Phénix. Allez on va vous délivrer un secret, savez vous à quoi sert le chapeau? « ce grand chapeau c’est pour garder les rêves au chaud… ». Salut l’artiste.

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