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Jehan Froissart, le 1er journaliste-chroniqueur au 14°siècle

Elle est connue de tous les Valenciennois, la Place Jehan Froissart fait partie de ces espaces chargés d’histoire de la ville de Valenciennes, mais connaissez-vous l’homme “Jehan Froissart” ? Chroniqueur né vers 1335 et mort vers 1410, dont la statue s’élève au beau milieu du square du même nom, il pratiqua tous les genres littéraires de son époque (Square Jehan Froissart à Valenciennes).

Connu pour ses Chroniques -qui couvrent la bagatelle de trois quarts de siècle (de 1325 à 1400) et rendent compte de quelques grands épisodes de la Guerre de Cent Ans (1337-1453) – il fut également l’auteur de nombreuses œuvres courtoises et d’un roman écrit en vers, Méliador, digne des romans arthuriens* du siècle précédent.

L’état civil n’étant pas, à l’époque, ce qu’il est aujourd’hui, la date de naissance exacte de Froissart demeure un mystère. Un mystère entretenu par le chroniqueur lui-même, ainsi que l’explique Michel Zink, spécialiste de la littérature médiévale, dans son livre « Froissart et le temps », paru aux Presses Universitaires de France.

Quand Froissart écrit, dans le prologue du livre IV de ses Chroniques : « Et, pour vous informer de la vérité, je commençay jeune del eage de vingt ans, et je suis venu au monde avec les fais et advenues, et si y ay tousjours pris grand plaisir plus qu’à autre chose », Michel Zink commente ainsi cet « aveu » : La date de 1337 s’accorde mieux avec cet ensemble de détails. Car Froissart, né cette année-là, aurait en effet eu vingt ans l’année qui a suivi la bataille de Poitiers (1356). Né en 1333, il aurait eu 23 ans l’année de la bataille, 24 l’année suivante. Or il confirme ailleurs qu’il a commencé à travailler à ses Chroniques à l’âge de 20 ans. Oui mais c’est dans le passage où il se donne 57 ans en 1390 et où il ajoute qu’il travaille alors à ses Chroniques depuis 37 ans : il aurait alors commencé en 1353, trois ans avant Poitiers, ce qui est en contradiction avec ce qu’il dit à deux reprises…

Quelle que soit la date de naissance exacte de Froissart – ce qui à trois ou quatre années près est sans réelle importance – son enfance se déroule au sein de la bourgeoisie valenciennoise du 14e siècle. Une bourgeoisie marchande à laquelle le chroniqueur ne s’identifiera jamais. Entre deux déroutes littéraires, Froissart, en mal de commanditaire pour ses écrits, se risquera bien à la pratique du commerce. Le cuisant échec qui en résultera le convaincra que sa vocation est ailleurs, dans l’écriture. Froissart, probablement destiné à une carrière de clerc, a douze ans lorsqu’il apprend le latin.

Bien des années plus tard, en 1361, le jeune homme s’embarque pour l’Angleterre. Ou plus vraisemblablement l’embarque-t-on en tant que prisonnier sur parole, à la suite du traité de Brétigny**. Sujet du Comte de Hainaut, allié de l’Angleterre au tout début de la Guerre de Cent Ans, Froissart reconnaît une certaine affection pour ce pays dont la reine, l’épouse d’Édouard III, n’est autre que la fille du Comte Guillaume Ier de Hainaut. Entré au service de Philippa – il ne la quittera qu’à sa mort, laquelle lui causera une grande peine, huit ans plus tard – Froissart poursuit ses Chroniques commencées plusieurs années auparavant. Sa présence à la cour lui permet de recueillir une foule de renseignements auprès des combattants français et anglais qui s’y trouvent, les uns en tant que grands vainqueurs, les autres comme prisonniers.

Leurs récits alimentent les « Chroniques de Froissart ». Ce dernier voyage en outre beaucoup. Rendant compte de faits d’armes aussi bien que de cérémonies mondaines – mariages princiers, etc. – Froissart vit des écrits qu’on lui commande ou qu’il propose, ainsi que l’illustrent certaines enluminures de l’époque (Froissart présente son livre au roi Richard II d’Angleterre). En 1395, c’est un Froissart vieillissant et qui n’éprouve plus le besoin de justifier son attachement à l’Angleterre, qui repart retraverse la Manche, dans l’espoir de présenter une copie de ses Chroniques au roi Richard II, qu’il a vu naître, dont il a servi la grand-mère Philippa avec l’attachement évoqué plus haut. Mais le roi, s’il le reçoit courtoisement, l’accueille sans chaleur et sans intérêt. Une attitude qui explique, en partie, la conduite de Froissart qui, au lieu de lui remettre comme prévu une copie de ses Chroniques, se bornera à offrir à Richard II un recueil de poèmes dont l’impact politique n’est certes pas le même.

L’année 1400 marquera la fin des Chroniques. Un achèvement quelque peu abrupt, dont on ne saura jamais vraiment s’il fut édicté par les règles littéraires de l’époque ou par la maladie d’un chroniqueur qui avoisinait alors les 65 ans… Chroniqueur né vers 1335 et mort vers 1410, dont la statue s’élève au beau milieu du square du même nom, il pratiqua probablement tous les genres littéraires de son époque. Connu pour ses Chroniques – qui couvrent la bagatelle de trois quarts de siècle (de 1325 à 1400) et rendent compte de quelques grands épisodes de la Guerre de Cent Ans (1337-1453) – il fut également l’auteur de nombreuses œuvres courtoises et d’un roman écrit en vers, Méliador, digne des romans arthuriens* du siècle précédent.

Ses dons d’écrivain sont supérieurs à ses aptitudes d’historien ; tantôt la sobriété même de son récit est impressionnante, tantôt il fait revivre de façon précise cette civilisation chevaleresque, brillante et aristocratique. Jehan Froissart est incontestablement d’un intérêt majeur pour ses descriptions inoubliables par leur valeur humaine, la chevalerie incarne la résistance à l’envahisseur… incarnée par Jeanne d’Arc où la naissance du sentiment national moderne.

* Relatifs aux récits de la cour du Roi Arthur

** Signé en 1360, le traité de Brétigny, signé en faveur de l’Angleterre qui se retrouve alors à la tête d’un tiers du territoire français, met fin à la première phase de la Guerre de Cent Ans.

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