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Les Hommes d'Argile
Valenciennois

(Rediff) Mourad Boucif et « Les Hommes d’Argile »

A la veille de la fête nationale belge, voici la rediffusion d’un sujet sur le long métrage de Mourad Boucif « les Hommes d’Argile », un réalisateur belgo-marocain. Cette année, Christopher Nolan, a réalisé un film à grand spectacle « Dunkerque » retraçant un épisode très douloureux pour les forcées alliées durant le seconde guerre mondiale. Sans le sacrifice de ces « Hommes d’Argile », cette plage du Nord eut été une boucherie sans perspective d’évacuation tout court !!!

Mourad Boucif

Sur Marly, la projection du long métrage «  Les Hommes d’Argile  » restera un immense moment culturel 2016 sur le Valenciennois. Poétique et tragique, Mourad Boucif, le réalisateur, retrace à travers les yeux de Sulayman l’itinéraire d’une population déchirée pendant la seconde guerre mondiale (Crédit vidéo/Sydney en bas de cet article).

Mourad Boucif, un auteur indépendant

Mourad Boucif
(Mourad Boucif, le réalisateur)

 » Il n’est point besoin de montrer la guerre pour en parler « , entame Mourad Boucif. En effet, sur 1H48 de film, vous n’avez qu’une dizaine de minutes de scènes de bataille ; le reste n’est pas que le récit d’un enrôlement forcé pour combattre sur la terre de France en 1940,. Tout est suggéré, peu est dévoilé, le regard et la pensée poétique de son personnage principal, Sulayman, font le reste. Comme une femme dévoilant ses formes sans les montrer, ce long métrage suggère, transcende la peur d’un combat que ces soldats du Maghreb adoptent au fil des jours, un Régiment de Tirailleurs Marocains sacrifié par l’Etat major de l’Armée française. Une spectatrice dans la salle rappelle que ces combats du  » 17 au 26 mai 1940, en Belgique, ont permis de freiner la progression des Allemands et de mener à bien la retraite des troupes françaises et anglaises vers Dunkerque… ! « 

Film d’auteur…

Rarement, l’expression consacrée  » Film d’auteur  » ne prend autant de signification tant son accouchement fut difficile, 10 ans pas moins jusqu’à sa diffusion, une réalité budgétaire semée d’embûches, un tournage cahin-caha avec des acteurs certes bénévoles mais bluffants.  » On n’a pas joué ce film, on l’a vécu durant 6 ans de tournage  » , souligne Abdelkrim Qissi.

Cette tranche d’histoire est bien enfouie où 950 000 nord africains sont venus en France pour combattre, en 1940, l’envahisseur allemand. Un temps, une fois de plus, que la nation voudrait oublier et pourtant elle mérite un rappel historique sans animosité, sans rancoeur mais pour montrer également aux enfants de l’immigration l’engagement de leurs grands-parents. «  Peut-être serait-il plus difficile pour ces récupérateurs de radicaliser nos jeunes générations ? Tuer des innocents, des gens que l’on ne connait même pas, non ce n’est pas cela la religion musulmane « , ajoute Abdelkrim Qissi.

Emotion à Marly

Mourad Boucif
(Toute l’équipe du film, le maire Fabien Thiémé, les élus et l’organisation de cette projection avec Andrey Huin et Anthony Xerra)

Après cette projection, le réalisateur, Mourad Boucif, était très ému en voyant une salle «  rassemblée autour d’un sujet fort, une histoire commune.  C’est un message à l’heure où la rencontre interculturelle est menacée, perturbée ! »

Mourad BoucifLa voix de Sulayman reflète la pensée de Mourad Bouif, un cinéaste philosophe et poétique. Même le manque de moyens financiers, dans la couleur des images, donne un visuel un peu suranné presque plus étincelant qu’un montage grand spectacle. Tirée de notre histoire réelle, Mourad Boucif a filmé une fable entre le Maroc et l’Europe, une vie simple et bouleversée de part et d’autre de la Méditerranée. Aucun plan n’est anodin, trop long, tout a un sens et les paroles de Sulayman sonnent pour une paix entre les peuples «  car nous sommes tous faits d’argile « , clame Abdelkrim Qissi, fait de rien et de tout !

L’assistance a dévoilé quelques heureuses surprises puisque un responsable de la magnifique salle culturelle de l’Imaginaire, à Douchy-les-Mines, veut accueillir ce long métrage. La maire d’Onnaing s’est engagée également à cette diffusion sur la commune  » et nous ferons tout ce qui est possible pour le faire connaître, j’ai déjà d’autres contacts comme à St-Amand-les-Eaux « , souligne Fabien Thiémé.

 » Rien ne divisera mon horizon « , dit Sulayman car sa conscience le conduit, ne le quitte jamais, son regard hagard et souriant bascule d’un battement d’ailes à l’effroi de la guerre. C’est un homme riche de son environnement car il dégage une force simple comme le vent glissant parmi les branches de cette forêt, troublante comme la nature, d’ici et d’ailleurs, quand on prend la peine de la regarder et de l’écouter. Les yeux remplis de larmes, Sulayman, comme ses compères marocains, est venu accomplir son destin en France, un petit matin de mai 1940, dans le fracas d’une guerre pas ordinaire !!!

 

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