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Rassemblement organisé pour Aly Touré

La mobilisation pour soutenir le jeune guinéen Aly Touré prend de plus en plus d’ampleur sur le Valenciennois, car il est actuellement en centre de rétention sur Lesquin avec une menace d’expulsion à la clé. A cet effet, ce lundi 15 février, un rassemblement était organisé en face du lycée professionnel Mansart à Marly où Aly Touré est un élève assidu.

Jérome Leman : « Je ne comprends pas les arguments de l’Etat »

Cette histoire commence en 2016 lorsque ce mineur perd sa mère à l’âge de 16 ans. Dans la foulée, Aly Touré décide de partir vers l’Europe, il part vers l’Italie où il effectue plus de 4 000 km pour rejoindre le continent. Dans ce pays de l’Union européenne, détail clé, il effectue une demande d’asile. Ensuite, il poursuit son chemin vers la France où il arrive fin 2017.

Depuis cette date, il poursuit ses études au sein du lycée Mansart de Marly. Détenteur de deux CAP (peinture et plaquette), il poursuit son cycle d’étude au sein du même établissement dans le cadre d’un Bac Pro (aménagement et finition).

A son arrivée en France, il a bénéficié d’un hébergement à travers les structures proposées par le Département du Nord pour les mineurs non accompagné. Ensuite, faute de ressources, il fut accueilli en Hébergement d’Urgence au sein de l’association Prim’Toit. « Depuis son arrivée, il n’y a eu aucun problème de comportement. Il est honnête et très correct. Tout se passe bien », précise Dominique Muller, le responsable de l’Hébergement d’Urgence pour l’association Prim’Toit.

Ce lundi 15 février, une trentaine de sympathisants étaient présents devant le lycée professionnel Mansart à Marly, élus de l’opposition ville de Marly, syndicat, enseignants, membres d’associations, car « Aly jouait pour l’équipe de football du Centre Hospitalier de Valenciennes ».

Les arguments de l’Etat

L’argument premier de l’Etat réside sur le fait que le jeune Aly Touré a fait une demande d’asile en Italie. La doctrine européenne voudrait de fait qu’il y retourne… ! « Oui, il a fait l’erreur en demandant asile en Italie à son arrivée, mais devait-il être absolument au courant des rouages administratifs européen ? Ensuite, il a demandé le droit d’asile en France où il est arrivé comme mineur non accompagné », commente Jérome Leman, ancien maire de Marly. Pourquoi Aly ne se baladait-il pas avec son code des lois en vigueur sous le bras, bien étrange, mais très risible.

Sur ce point, la décision est dans les mains du Préfet du Nord dont le pouvoir est discrétionnaire en la matière. Nous l’avons observé dans une boulangerie où le professionnel avait entamé une grève de la faim dans un dossier similaire.  » Pourquoi ne pourrait-on pas faire du cas par cas, comme nous l’observons dans l’autre sens puisque les services de l’Etat sont venus le chercher. Pourquoi ne peut-on pas humaniser ce type de décision plutôt que d’envoyer un jeune en centre de rétention ? A ce stade, il est menacé en permanence d’expulsion (vers l’Italie le pays où il a demandé en 1er l’asile). Le plus simple n’est-il pas de lui accorder ce droit d’asile en France où il construit sa vie ? « 

Autre argument, la poursuite assidue de ses études « ne constitue pas une preuve d’attachement suffisante à la France selon les services de l’Etat » s’étonne Jérome Leman. Là également, il est assez surprenant qu’un jeune homme sérieux dans son cycle d’étude, très motivé pour trouver un emploi, ne soit pas considéré comme une personne intégrée dans notre république.

« Son rêve est de travailler », Maître de stage

Preuve que son parcours se déroulait sans souci. Aly venait d’achever sa semaine de stage au sein de l’entreprise ML Renov à Maing. « On a vu tout de suite qu’il était très débrouillard, très ponctuel, et très motivé pour obtenir un emploi à terme. On a matché tout de suite. Mon rêve est de travailler dit Aly. Tous les jeunes ne font pas ce type de réflexion ! Nous étions, suite à cette semaine d’essai, favorable pour signer un contrat d’apprentissage (de deux ans) », explique Michaël Lenne, le chef d’entreprise.

Ensuite, il exprime sa colère froide… : « Je ne comprends pas que l’Etat lui permette de suivre ses études, et aujourd’hui où il est prêt à apporter ses compétences dans une entreprise. On lui dit de partir. Clairement, je suis en colère, et c’est pourquoi j’ai mis un 1er post sur les réseaux sociaux », poursuit le maître de stage. On rappelle au passage que le secteur du bâtiment est ultra déficitaire en main d’oeuvre en France. D’ailleurs, cela fait partie d’une doléance récurrente du secteur vis à vis des pouvoirs publics, et des élus, exprimée notamment auprès du Président de la région Hauts-de-France lors de sa venue fin d’année 2020. Enfin, ce n’est pas cette période sanitaire qui va améliorer cet état de fait.

Espérons que le bon sens va reprendre le pouvoir afin d’éviter un jeune homme coupé dans son cursus professionnel en France. Ensuite, a son arrivée en Italie, il est probable qu’il revienne en France où il repartirait dans un autre cycle infernal administratif. Que de perte de temps, que d’inhumanité dans le traitement en silo administratif d’un dossier !

Daniel Carlier

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