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Le patrimoine adapté à son époque, le nouveau dogme public

L’Assemblée générale de l’association « Comité de sauvegarde du patrimoine valenciennois » s’est tenue samedi dernier au sein d’un amphithéâtre de l’IUT (Tertiales), c’est comme toujours un temps fort pour l’information vivante sur le patrimoine de Valenciennes. A cette occasion, Alain Cybertowicz, le Président de ladite association, a posé une série de questions franches à l’adjoint en charge du patrimoine au Conseil municipal de Valenciennes, Daniel Cappelle, avec des réponses directes… moment très instructif !

(Visuel Alain Cybertowicz)

Alain Cybertowicz : « Déjà 300 000 euros de travaux engagés au 94 rue de Paris prolongée »

En propos liminaire, Alain Cybertowicz a évoqué les membres disparus de l’association, les anonymes présents, investis sur un sujet, la richesse associative de nos associations, mais également une personnalité célèbre disparue, car « Cécile Gallez appuyait tous nos projets. Elle connaissait notre travail ».

Cette association au siège situé au 94 rue de Paris prolongée à Valenciennes investi depuis des décennies chez elle. En effet, les travaux sont conséquents avec « déjà 300 000 euros de travaux engagés au 94 rue de Paris prolongée dont 50% a été financé par vous, les membres de l’association, sur 32 ans… ! A ce stade, les gros travaux sont terminés ».

Avant les questions à l’endroit de la municipalité, Alain Cybertowicz s’est félicité du maintien de la façade de l’ancien cinéma « Palace » rue du Quesnoy. « Les constructions « Art Déco » sont très rares sur Valenciennes. Ensuite, la rénovation des rues dans le vieux Valenciennes est très réussie comme la rue du Grand Fossart », ajoute le Président.

Basilique, caserne des pompiers, pont neuf, maison du prévôt… !

Evidemment, compte tenu de la richesse patrimoniale de l’Athènes du Nord, la vie des sites patrimoniaux est d’une actualité brûlante… sur le temps long. « Pouvez-vous nous donner des informations sur les travaux de la Basilique Notre-Dame du Saint-Cordon ? Avez-vous un projet pour la Maison du Prévôt ? Que comptez-vous faire pour le béguinage à Valenciennes, l’une deux derniers en France ? Nous avons été très surpris par la destruction de la partie arrière de l’ancienne Caserne des Pompiers ! Enfin Valenciennes n’existe que grâce à la présence de l’Escaut, mais nous n’avons aucun témoignage visuel pour les Valenciennois ; dans ce cadre, que pouvez-vous faire pour le Pont Neuf situé sous la rue du Pont Neuf ? », expose Alain Cybertowicz.

« conservation du patrimoine dans une ville qui bouge », Daniel Cappelle

L’adjoint de la ville de Valenciennes met en exergue le côté piquant de l’association « Comité de sauvegarde du patrimoine valenciennois », car « nous ne faisons jamais assez, jamais au bon moment, et pas ce qu’il faut vraiment faire ». Un volet lanceur d’alerte indispensable « nous permettant de rester en éveil sur le sujet », mais Daniel Cappelle expose également les « obligations en matière de conservation du patrimoine dans une ville qui bouge, site classé, pas classé, à l’inventaire, avec la DRAC incontournable », ajoute-t-il. Ensuite, il reprend point par point…

Sur la Basilique Notre-Dame du Saint-Cordon « c’est un ticket de 30 millions d’euros. Nous n’avons pas ses fonds. Je vous confirme qu’il n’y a pas de projet de cinéma, de bowling ou autre sur cet espace. Chose essentielle, nous avons demandé à l’affectataire, le Diocèse de Cambrai, son intention sur cette Basilique. On nous a confirmé que la Basilique était toujours un lieu de culte ! Dans le cas contraire, notre objectif aurait pu être tout autre », commente Daniel Cappelle.

Ce commentaire amène des précisons. En effet, l’église catholique est depuis 1905 l’affectataire permanent des bâtiments cédés au domaine public, aux collectivités locales pour les églises et à l’Etat pour les cathédrales. En clair, la puissance publique n’a pas la latitude de désacraliser une église par son propre chef. Par contre, elle peut par une voie détournée, ne plus réaliser d’entretien, de réparations et amener à une dangerosité du lieu…, une technique abondamment utilisée dans un conflit frontal local. En l’espèce, le Diocèse de Cambrai confirme son intention de conserver comme lieu du culte cette Basilique sur le temps long. En résumé, nous sommes sur le fil de l’humain où une « direction » de l’église peut changer d’avis sur l’utilisation du bien public comme une municipalité face aux impératifs budgétaires d’une collectivité locale. « Nous finançons déjà chaque année 500 000 euros de travaux en terme d’entretien et de réparations. Nous avons achevé la 1ère nef, là où nous avons les orgues classés, contrairement à la Basilique. Avec un drone (la nouvelle arme du travail architectural), nous avons validé les chantiers les plus urgents à réaliser. Je vous indique que nos prochains travaux seront sur le clocher, mais clairement nous sommes sur une rénovation sur le temps long », explique-t-il.

Sur la Maison du Prévôt avec son sol en terre battue « pas très simple pour une occupation. J’ai proposé au maire et à la DRAC une nouvelle destination sur ce site, la création d’une résidence d’artistes ». Voilà potentiellement ce qui pourrait être une sortie positive d’un bâti inoccupé depuis des lustres avec toutes les conséquences à la clé.

Concernant la Caserne des Pompiers, le long d’un axe (Avenue Pompidou) routier intense avec une pollution massive, la surprise pour l’association fut la destruction partielle de ce bâti historique de la ville. « Nous ne pouvions pas le conserver. Cette partie était très dégradée. Par contre, nous conservons la façade et nous n’avons jamais eu l’intention de la détruire ».

Le projet en cours inhérent à cette destruction « est privé, deux immeubles de 6 ou 7 étages avec un parking couvert sur l’ancien site de la Caserne des Pompiers ».

Pour le projet du « Pont Neuf » sous la « rue du Pont Neuf » perpendiculaire entre la rue de l’Intendance et rue Salle le Comte… « tout d’abord, le Pont Neuf n’est pas situé exactement là. Ensuite, nous avions un témoignage de l’Escaut sur la coulée verte avec beaucoup de problèmes… », commente Daniel Cappelle. Ce n’est sans doute pas le dossier au dessus de la pile !

Pour le béguinage, vestige patrimonial rare, un travail de recherche est en cours, car « notre base d’architectes est de 3 personnes. En ce moment, nous avons 17 architectes à Valenciennes compte tenu du nombre de chantiers sur la commune », précise-t-il.

Enfin, il rappelle « vous n’avez pas évoqué le Musée des Beaux-Arts où 18 millions d’euros sont investis suite aux fuites des verrières. Les travaux doivent démarrer en 2023 pour une inauguration en septembre 2023. Notre objectif, en terme de scénographie, est une finition comme à l’origine en 1909 », conclut Daniel Cappelle.

Voilà, le rôle de vigie du patrimoine est encore rempli par l’association « Comité de sauvegarde du patrimoine valenciennois ».

Daniel Carlier

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