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Du déséquilibre énergétique à l’autonomie espérée !

La crise énergétique en Europe envahit notre quotidien de particulier, d’entrepreneur.e, d’élu.e d’une collectivité publique, cette thématique est donc dans tous les esprits sans comprendre totalement ses tenants et les aboutissants, sans lecture prospective vers une solution durable dans un avenir maîtrisé, l’incertitude est de facto très pesante dans notre conscience collective. Entretien avec Philippe Lahet, directeur GRDF Nord-Ouest (Hauts de France et Normandie) afin de décrypter cette actualité complexe et cerner des solutions (unité de méthanisation).

(Visuel Philippe Lahet/ DR La Gazette)

Philippe Lahet : « Assurer un mix énergétique pour notre autonomie… (totale ?) »

La réponse face à cette crise énergétique trouve ses origines dans les fondamentaux de notre régime économique mondial. « Le marché du gaz est ouvert, il obéit à la loi de l’offre et de la demande. Actuellement, il y a un déséquilibre avec de plus l’électricité lié au gaz », constate Philippe Lahet. Ensuite, l’expert ne manque pas de rappeler que ce dérèglement total du marché n’est pas une conséquence directe de la guerre en Ukraine « au début des années 2000, les énergéticiens pensaient à des prix, au 21ème siècle, beaucoup plus élevés sur l’énergie fossile. Puis, il y a eu la crise financière en 2008, l’arrivée du pétrole et gaz de schiste aux USA. Nous avons vécu sur des prix très bas durant plus de 10 ans. Ensuite, la Covid est arrivée avec une baisse énorme de la demande en 2020 et une reprise de l’activité économique en Chine, à marchée forcée, dès l’été 2021. La hausse a démarré à cette date », commente-t-il…, puis la Guerre en Ukraine depuis le 24 février 2022.

Pour inverser cette courbe, il n’y a que deux solutions à ce stade « réduire notre consommation et augmenter la ressource », simple comme postulat, difficile dans la réalisation.

Enfin, la région des Hauts-de-France est très concernée par l’énergie gaz avec un Pipeline dans le Maubeugois, un Pipeline sous marin du coté de Dunkerque et enfin un terminal méthanier, également sur la cité de Jean Bart, permettant au GNL (Gaz Naturel Liquéfié) de venir de tous les points du globe. « On peut dire que 70% de la consommation française de gaz passe par notre région », poursuit-il.

« la sobriété est une responsabilité personnelle et collective », Philippe Lahet

Si tout a été dit sur le bouclier tarifaire dont bénéficie en 2022 les particuliers, mais également des aides aux entreprises en souffrance totale sans parler des collectivités publiques inquiètent de leur situation budgétaire, bref… tout cela nous oblige collectivement à réfléchir à notre consommation énergétique. Toutefois, nous pouvons également ouvrir nos yeux sur le monde et constater que la dégradation du pouvoir d’achat est mondiale. Le gouvernement canadien se félicitait au mois d’août 2022 pour avoir contenu l’inflation… à 15% !

De facto, notre comportement sur le chiffre en bas de la facture nous implique complètement. « Si vous baissez d’1° degré la température chez vous, vous réduisez de 7% votre facture. Ensuite, selon vos moyens, si vous remplacez votre vieille chaudière par une chaudière à Haute Performance Energétique, vous diminuez de 30% votre consommation énergétique », souligne-t-il. Le dispositif https://ma-renovation-energie.fr/ peut vous aider dans cette démarche. Plus globalement, la chasse au Gaspi fait partie de cette équation où chacun d’entre nous peut faire beaucoup in fine, les bons gestes, les bons comportements, tout s’inscrit dans une ligne cohérente

Evidemment, le geste collectif est par capillarité plus important encore, le raisonnement est tangible et crédible « si la demande est moins forte, le marché est moins nerveux, les prix baissent ! Clairement, la sobriété est une responsabilité personnelle et collective », conclut sur cet item Philippe Lahet.

« rendons le KWH le plus efficient possible », Philippe Lahet

La voie de sortie positive énergétique passerait, selon Philippe Lahet, vers un large mix énergétique. « Rendons le KWH le plus efficient possible à travers l’éolien, le solaire, les déchets, les barrages hydroélectriques, le gaz vert à travers la filière de la méthanisation. De plus, ce sont des productions locales », indique le spécialiste.

Sur le sujet spécifique de la méthanisation, la région Hauts-de-France comprend 73 unités, chez des agriculteurs, en fonctionnement et 134 sont en projet. « Dans 3 ou 4 ans, cette production de gaz vert fournira l’équivalent en énergie d’un réacteur nucléaire. Le CORBI (Collectif Opérationnel Régional du Biométhane Injecté) a pour ambition de multiplier par deux le nombre d’unité de méthanisation d’ici 2025. Cela correspondrait à 3 TERA WH, soit 500 000 logements chauffés », ajoute Philippe Lahet (plus d’infos https://methania.fr/corbi-collectif-regional-biomethane/).

Sur une projection plus lointaine « la production de gaz vert devrait atteindre 20% du gaz consommé en France d’ici 2030 et nous visons 100% en 2050 de biométhane avec également l’arrivée de l’hydrogène mélangé, la méthanation, nous avons déjà réalisé des expériences avec cette technique ( https://www.terega.fr/labo/quelle-est-la-difference-entre-methanation-et-methanisation) ».

Les autres énergies renouvelables

Dans le camembert existant, il ne faut jamais négliger un choix historique de la France via son réseau de barrages générant « 15% de notre production en électricité en France, ce n’est pas rien », ajoute-t-il. D’ailleurs, les projets de micro-barrage hydraulique, de petite centrale hydroélectrique sont une réalité intéressante dans ce panel de ressources alternatives.

De même, une voie de progrès indéniable avec la gestion des déchets et l’apparition de nouveaux moyens de chauffage « plutôt dans une zone urbaine où nous pouvons combiner la récupération de la chaleur fatale (émise par le four d’incinération des déchets) et chauffer des logements voire des bâtiments publics par un système de réseau de chaleur ».

Le bien connu retour en force du photovoltaïque, après une coupure radicale sous la présidence de Nicolas Sarkozy, constitue aujourd’hui un atout réel. Le déploiement de cette technologie solaire s’est améliorée, en terme de gestion des vieux panneaux, et devrait constituer un minimum minimorum pour toute construction publique neuve. Nous en sommes encore loin, mais des élu.e.s de la République vont dans ce sens. Toutefois, le point dur est incontestablement sur l’existant : « La problématique de la rénovation thermique se situe sur les logements anciens ».

Chemin faisant, l’éolien prend une nouvelle dimension avec les projets Off Shore, déjà proposés durant la Présidentielle 2017, puis repris par le Président de la République en 2022. En effet, presque comme une évidence pour un pays doté du deuxième espace maritime mondial, en terme d’eaux territoriales, l’éolien maritime peut devenir une réponse crédible comme énergie renouvelable. Par contre, l’éolien sur terre doit passer par les fourches caudines de l’acceptabilité de la population, c’est un véritable choix politique et on entend le même discours que durant la construction de la Tour Eiffel en son temps, destruction du paysage… !

Enfin, Le Président de la République a choisi le nucléaire « pour décarboner l’énergie d’ici 2050 » avec en même temps un développement massif des énergies renouvelables. Pour autant, tout ceci n’a de sens qu’avec une prise de conscience collective sur l’énergie. Cette combinaison pourrait nous permettre une autonomie énergétique d’ici 2050 totale à condition de produire les matières premières pour le nucléaire, lithium…, un autre sujet !

Daniel Carlier

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