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Gustave Ansart aurait cent ans… par Jean-Jacques Potaux

Dirigeant national du parti communiste pendant plus de trente ans (1956-1990) , Gustave Ansart , né le 5 mars 1923 à Roubaix, aurait cent ans. Les militants qui ont eu la chance de côtoyer Gustave Ansart gardent en mémoire son regard illuminé d’un sourire. Concentré pendant ses interventions, ce sourire fraternel, communicatif apparaissait lorsqu’il allait se rasseoir et enlevait ses lunettes. Il y avait en lui un optimisme, un amour de la vie qui doit nous inspirer à l’heure où nous vivons et luttons pour la construction de nouveaux jours heureux.

Gutave, nous l’avons tant aimé ! Au point qu’Alain Bocquet écrit qu’il a encore parfois l’impression qu’il est à ses côtés lorsqu’il doit prendre une décision importante.Soucieux de la formation des militants, il avait à coeur d’être présent chaque fois qu’il le pouvait pour intervenir devant les élèves des écoles fédérales. Mais chaque intervention, chaque réunion était considérée par lui comme un moment d’Education populaire. Des citations sont restées gravées dans nos mémoires. Victor Hugo: « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent ». Jaurès : « Un peu d’internationalisme prolétarien éloigne de la patrie, un véritable internationalisme en rapproche ». Maurice Thorez : « Il vaut mieux s’unir pour obtenir le bonheur sur terre que de se disputer sur l’existence d’un paradis dans le ciel ».

Il n’avait pas oublié son enfance ouvrière avant la guerre et citait le livre de Paul Vaillant-Couturier le malheur d’être jeune qui était redevenu d’actualité avec la crise et le chômage. Nous l’entendons encore parler du nazisme : « Comment un tel torrent de boue a-t-il pu déferler sur Weimar, sur l’Allemagne de Goethe et de Schiller » ? Il citait Brecht : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ».

Dirigeant du Nord, un département très ouvrier, avec les mines, la sidérurgie, la métallurgie, le textile, les verreries, Gustave Ansart combattit l’ouvriérisme et accorda une grande importance au travail en direction des intellectuels. Il oeuvra pour que des camarades comme le sociologue Michel Simon ou le philosophe jacques Milhau parviennent aux responsabilités régionales puis nationales. En 1966, après le comité central d’Argenteuil consacré aux questions idéologiques et culturelles, un compte rendu fut organisé pendant tout un dimanche dont il tira les conclusions. Député dans le Denaisis à partir de 1973, il soutint activement le Printemps culturel du Valenciennois qui a aujourd’hui dépassé les quarante ans.

Quand il fut élu au comité central, Fernand Grenier lui conseilla de prendre le temps de lire. Ami d’André Stil, il connaissait ses romans, prenant plaisir à retrouver dans ses personnages la sève populaire des kermesses et réjouissances carnavalesques. Il aimait les romans de Balzac , ayant suivi à l’école centrale une conférence du grand spécialiste André Wurmser. Il dévorait l’oeuvre d’Erkmann Chatrian rééditée par le club Diderot. Il écoutait les poèmes d’Aragon chantés par Ferré, Ferrat , ou Francesca Solleville. Il admirait Eluard dont deux vers figurent sur sa tombe.

Au nom de mon espoir, Je m’insurge contre l’ombre… !

Une oeuvre d’Education populaire

Gustave Ansart voulait un comité fédéral dans lequel les différentes générations soient représentées. Ainsi dans les années 60-70, autour des membres du bureau fédéral , y on trouvait les représentants des mouvements de jeunesse qui avaient une vingtaine d’années, mais aussi, les anciens comme Arthur Ramette, Arthur Musmeaux, Henri Martel, Henri Fiévez qui avaient contribué à la naissance du parti et à la Résistance. Si ces anciens parlaient peu, ils furent d’un grand apport pendant le mouvement de mai- juin 1968, faisant bénéficier l’assemblée de leur expérience du Front populaire. La diversité d’origine des intervenants rendait les débats passionnants dans cette assemblée studieuse où les absences étaient rares. Il y avait en effet un sens de la discipline que partageait le premier secrétaire. Un jour, lors d’une conférence fédérale il se prononça contre le fait qu’un militant qui ne participait pas aux travaux puisse être délégué au congrès national.

Une autre fois il annonça en début de séance qu’il faudrait finir vite car il y avait un match de foot. Pas besoin d’explications. Tout le monde avait compris qu’il s’agissait d’une plaisanterie. Exigeant vis-à-vis des dirigeants, il était dur avec lui-même. En dépit d’un cancer qui l’emporta en 1990, il se battit jusqu’au bout pour participer au maximum aux réunions, aux inaugurations, communiquant avec ses proches camarades sur la situation politique jusqu’à ses derniers jours.

La fédération du Nord du parti communiste organise une exposition pour les cent ans de son dirigeant, tandis que la revue Espaces Marx du Nord-Pas- de- Calais propose un numéro spécial pour lui rendre hommage. L’objectif est de faire oeuvre d’Education populaire, de conserver le souvenir des expériences passées pour les léguer au futur. Ces initiatives se veulent contribution à la mémoire qui renoue avec les espérances du passé restées inachevées et en attente d’être réactivées.

Revenir à la personnalité de Gustave Ansart , ce député ouvrier qui combattait la tristesse contribuera à faire partager le programme des communistes pour le 30ème congrès parcouru d’optimisme et qui se fixe pour objectif d’inventer de nouveaux jours heureux, la nécessité de regagner les milieux populaires étant plus que jamais d’actualité.

Jean –Jacques Potaux, président du Printemps culturel du Valenciennois.

P.S : On peut commander la Revue Espaces Marx Hommage à Gustave Ansart en écrivant à l’Espace Marx 6 B rue Roger Salengro 59800 Lille. Joindre un chèque de 15 euros

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