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(Congrès 2023) Un certain « Regard » chez « Nous Aussi »

Au sein de l’Université Polytechnique Hauts de France, le Congrès national de l’association « Nous Aussi » s’est déroulé ce mercredi 22 novembre 2023. Un temps de vie associative, de discours, mais également d’hommages aux disparus, sans oublier le fil rouge de cette réunion annuelle, une réflexion à partager sur le « Regard ». Oui, le handicap intellectuel ose regarder en face son destin, ses évolutions dans notre société, et ses droits à se faire respecter (visuel de l’imposante délégation de Nous Aussi Dordogne).

(Visuel des membres de Nous Aussi Valenciennes pour un hommage à Lahcen et Ludovic)

« Rien pour nous, sans nous ! »

Sur les fonts baptismaux en 2002, l’association nationale « Nous Aussi », dont chaque délégation est issue d’une APEI territoriale en charge des personnes en situation de handicap intellectuel, s’est réunie en « Congrès » pour la 9ème fois. La dernière édition datait de 2019 à Verdun, puis La Covid a brisé tous les velléités en la matière. Cette manifestation co-organisée, par l’APEI de Valenciennes et de Lens, a bénéficié de la présence Sylvie Clerc, la vice-présidente en charge du handicap au Conseil départemental du Nord, Elisabeth Gondy, conseillère régionale, Jacques Franzoni, Président du CPTS Grand Valenciennes, et bien sûr le Président de l’UNAPEI, Luc Gateau ravi de cette nouvelle page de l’histoire de « Nous Aussi ». « Je remercie l’UPHF pour la mise à disposition de ses équipements, ce lieu de savoir qui a ouvert ses portes aux personnes en situation de handicap cognitif », entame Marie-Claire Coquidé, la Présidente de l’APEI du Valenciennois.

Près de 400 personnes, membres de « Nous Aussi » et encadrants

En fil rouge de cette manifestation, une hommage appuyé à Lahcen ER RAJAOUI, ancien. Président de « Nous Aussi » national depuis 2016 et Ludovic PRUVOT, ancien membre de « Nous Aussi » Valenciennes. « Lahcen s’est battu pour obtenir le droit de vote. Il a eu gain de cause avec une loi en 2019, mais vous avez aujourd’hui besoin de comprendre les discours et les programmes pour voter. La société a besoin de comprendre qui vous êtes, mais également de votre regard sur vous », déclare Luc Gateau.

« L’administration n’a pas de formulaire pour l’extraordinaire », Marie-Claire Coquidé

Pour la présidente de l’APEI du Valenciennois, le parcours de vie de Lahcen Er Rajaoui a été comme des « milliers de familles venues dans le Nord venues pour travailler dans la mine, les usines, des métiers solidaires, des revendications collectives, le sens du risque partagé dans le travail. Ce sont nos valeurs ! Nous soutenons « Nous Aussi » Valenciennes depuis 2008 avec constance ». 

Marie-Claire Coquidé, présidente de l’APEI du Valenciennois

« On a grandi avec vous sur le S3A déclinés dans les espaces publics, la présentation de votre handicap à l’école d’infirmières de Valenciennes, mais aussi votre aide importante dans la gestion de La Covid. Au fil du temps, nous avons appris à vous faire confiance sur vos choix », ajoute Marie-Claire Coquidé.

Enfin, elle constate les difficultés régaliennes de notre corpus sociétal, car « l’administration n’a pas de formulaire pour l’extraordinaire ! ».

Le FALC (Facile à Lire et à Comprendre)

Beaucoup d’intervenants sont revenus sur cette méthodologie afin d’éclairer les politiques publiques. « Que mon travail serait plus facile avec le FALC pour tous les textes de lois », explique Arthur Aumoite, vice-président de l’association CNCPH (Conseil national consultatif des personnes handicapées).

Sylvie Clerc abonde sur ce sujet central, la diffusion maximale du FALC  : « On défend bien ce que l’on connaît bien ! ».

Temps d’hommage

Bien sûr, les membres de « Nous Aussi Valenciennes » ont rendu un hommage particulier à leurs deux amis disparus. Chacun leur tour, des petits mots, des phrases simples pour signifier l’immense vide suite à ces disparitions. La présidence de « Nous Aussi » national a marqué la vie de Lahcen Er Rajaoui. « Son sourire lui ouvrait toutes les portes », indique Thibaud Legleye, le président de l’APEI de Lens. « Lahcen est venu me voir en 2018 afin de me dire- je veux obtenir le droit de vote pour nous-, il l’a fait ! Nous Aussi nous a permis de mieux comprendre votre combat », témoigne David Leclercq, le Directeur général de l’APEI du Valenciennois.

Un cours en duo… !

Luc Gateau, président de l’UNAPEI

Après deux vidéos, de Florence Jablonski interpellant l’hémicycle européen en mai 2023 sur les personnes en situation de handicap mental, mais également la Ministre de tutelle en charge des personnes handicapées, Fadila Khattabi, dont le propos était assez léger. Nous pourrions le (re)traduire en FALC comme ceci – le gouvernement n’est pas au niveau des besoins des personnes handicapées-.

Chemin faisant, une expérience très enrichissante a été partagée avec l’assistance. En effet, une enseignante/chercheuse de l’Université catholique de Lille, Agnès d’Arripe, a dispensé des cours en duo avec un membre de « Nous Aussi ». « Les étudiants ont très bien réagi à cette initiative et trouvé enrichissant cette double lecture d’un contenu pédagogique », explique Agnès d’Arripe. Deux membres, Dominique Fleurent et Jean Mylonas ont témoigné sur cette expérience iconoclaste, mais terriblement inclusive. 

Le Droit au Regard… normal !

Ensuite, le débat s’est concentré sur la thématique du « Regard » avec des interventions de nombreuses délégations comme celle de Dordogne. « Nous sommes venus de Périgueux avec deux mini-bus, nous sommes 17 personnes, 15 membres de Nous aussi Dordogne plus deux encadrants. C’est très bien organisé ! », explique Frédéric Gouzou, le délégué local. Dans cette optique, cette délégation avait préparé un slam où chaque membre a exprimé son ressenti sur son handicap, pas banal.

Les initiatives et les réactions furent pléthoriques, une rafale de questions a fusé tout comme les réactions sur « les nombreuses moqueries dans la rue », souligne un participant à ce Congrès. Comme depuis la nuit des temps, la différence fait peur et suscite parfois les insultes, des mots blessants, car le regard de l’autre ne comprend pas cette différence. « On n’a pas choisi notre handicap, on est comme tout le monde. On peut faire des projets », ajoute un autre.

De même l’évolution dans les espaces publics est de plus en plus difficile. « Je regarde mes pieds pour ne pas avoir de problèmes », lance Moise Bouet, mais malheureusement ce comportement est quasi valable pour tout le monde, tristement banal ! « Vous avez des compétences et des droits », conclut Thomas Delreux, le DG de l’APEI de Lens.

Enfin, un extrait du documentaire de Pascal Plisson « We have a Dream » a conclu cette journée très dense où le sens de la reconnaissance du handicap mental grignote chaque jour sur l’indifférence et la peur des autres. Comme à chaque fois dans ce type de manifestation, vous retenez une phrase clé, celle inspirant le plus de sens à tout le reste. A ce titre, Arthur Aumoite lance : « On peut être différent, en situation de handicap, et aussi extraordinaire ! ».

« Rien pour nous, sans nous », le slogan de « Nous Aussi » est bien plus qu’une phrase claquée comme un programme politique, c’est une ligne de vie !

Daniel Carlier

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